Revenus disparates, isolement, suicides, pénibilité du travail, peu de vacances,… les souffrances et les contraintes de la profession agricole ne manquent pas. Et pourtant, 86 % des agriculteurs sondés se disent heureux dans leur travail ! C’est ce que révèle une enquête* réalisée par l’institut Viavoice pour le Nouvel Observateur de cette semaine. 73 % des 5.000 Français interrogés se déclarent heureux dans leur vie professionnelle et 63 % assurent exercer leur métier avec « une vraie passion ».
« Ceux qui croient en leur action retirent davantage de bonheur que ceux qui jouissent d’une position et/ou de revenus plus élevés », écrit Véronique Radier. François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice confirme cette recherche de sens et de dévouement : « même si, bien sûr, le niveau de rémunération joue sur la satisfaction, le bonheur au travail repose sur trois éléments clés : la passion pour son métier, le sentiment d’être utile à la société et le sentiment de reconnaissance, notamment par sa hiérarchie ».
« La passion est plus forte que les intempéries », titre la journaliste du Nouvel Observateur. C’est sans doute dans cette logique très forte d’honneur d'exercer ce métier que s'explique la très paradoxale deuxième place des agriculteurs sur le podium. Pourtant le métier n’est pas rose : d’après l’enquête, 66 % des agriculteurs parlent de pénibilité, à l’image des ouvriers du Btp (80 %) ou de l’industrie (70 %), des agents d’entretiens (73%) ou des infirmiers (66 %).
Etre le maitre à bord
« S’il est un des points où convergent toutes les études et enquêtes sur le bonheur au travail, c’est l’importance cruciale de la liberté, l’autonomie, la latitude de faire son travail comme on l’entend. Témoins les bons scores des professions indépendantes, agriculteurs, commerçants-artisans et, dans une certaine mesure, des enseignants, des médecins et des professions libérales dans notre classement. 82 % de notre échantillon travaillant seuls se déclarent heureux au travail, soit 10 points au-dessus de la moyenne. »
Etonnamment les agriculteurs, sensés nourrir les hommes, ne figurent pas en tête concernant le sentiment d’utilité. Avec 84 % d’entre eux qui jugent qu’ils sont utiles à la société, ils arrivent à la 8ème place derrière les infirmiers et aides-soignants (98 %), suivis par les médecins (95 %), les enseignants (91 %), les policiers (90 %), les cadres de la fonction publique (90 %), les professionnels du secteur social (90 %) et les ouvriers du Btp (90 %). A l’inverse, seuls 70 % des artisans et commerçants et 67 % des vendeurs et employé de commerce jugent leur métier utile.