Etats généraux de l’alimentation
Bernard Lannes (CR) : « Avec les Etats généraux, le grand cirque est en place »

[Interview] Bernard Lannes : « Stéphane Travert oublie qu’il y a beaucoup de choses qu’il ne maîtrise pas »

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résident du deuxième syndicat agricole, Bernard Lannes estime « qu’avec les Etats généraux de l’alimentation, le grand cirque est en place ». Le leader de la Coordination rurale est très réservé tant sur la méthode employée par Emmanuel Macron et son ministre de l’agriculture Stéphane Travert que sur le fond et les solutions qui déboucheront des 14 ateliers.

Outre le nombre élevé de participants (environ 60 par atelier) qui limite mécaniquement le poids de la parole des producteurs, le syndicaliste dénonce le discours ambiant « faisant croire que la vocation exportatrice de l’agriculture va nous sauver ». « Nos grands faiseurs que sont les transformateurs, les grandes coopératives ont mis la main sur 80 % de notre alimentation et se font des marges colossales. J’attends de ces Etats généraux un état des lieux un peu plus juste que celui que nous fait Philippe Chalmin et l’observatoire de la formation des prix et des marges ».

Lors d’une conférence de presse mercredi 30 août 2017, François Lucas, le président d’honneur du syndicat, qui a participé à la première réunion de l’atelier 5 « pour des prix plus rémunérateurs aux producteurs » partage les mêmes craintes. « A entendre la grande majorité des participants, il ne faut pas demander de hausse des prix. La solution résiderait dans les "filières", la baisse des coûts de production et l’exportation. Franchement, il vaut mieux que les agriculteurs n’assistent pas à ça. »

Pour le syndicat, la solution aux difficultés des agriculteurs ne viendra pas de ces Etats généraux, mais de l'Europe. « C’est l’Europe, via la Pac et l’observatoire européen des prix, qui doit fixer un tunnel de prix permettant une juste rémunération des producteurs, avec un dispositif les protégeant de la volatilité des prix. »

Le syndicat profite par ailleurs du lancement des Etats généraux de l’alimentation pour cibler une nouvelle fois la coopération agricole. « Nous avons demandé au président de la République d’ordonner un audit des grandes coopératives. Les grands groupes échappent depuis trop longtemps aux producteurs. Certains développent des stratégies inacceptables d’intégration de leurs producteurs par l’accaparement des terres. Elles doivent arrêter d’accaparer ce qui devrait revenir aux coopérateurs pour le seul profit de leurs filiales privées. »

 

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