Marchés agricoles
Le vent de panique sur les marchés financiers touche les céréales

« Le repli des cours a incité les acheteurs à revenir. Ce retour des acheteurs et le début des moissons en Europe viennent contrebalancer ce mouvement de baisse, ce qui explique l'oscillation des cours, entre chutes et rebonds », indique Damien Vercambre, d'Inter-Courtage. (©Pixabay)
« Le repli des cours a incité les acheteurs à revenir. Ce retour des acheteurs et le début des moissons en Europe viennent contrebalancer ce mouvement de baisse, ce qui explique l'oscillation des cours, entre chutes et rebonds », indique Damien Vercambre, d'Inter-Courtage. (©Pixabay)

Mardi, les prix des céréales ont chuté de Chicago à Paris, devant la menace de la récession, conjuguée au risque d'une nouvelle vague de propagation du Covid-19, « venant inciter l'ensemble des acteurs à réduire leur exposition face aux risques de marché », selon une analyse du cabinet Agritel.

Sur le marché américain, le cours du blé était redescendu vendredi à son niveau du 23 février, veille de l'invasion russe de l'Ukraine. Sur Euronext, le recul, moins spectaculaire, est aussi là, avec mardi soir la tonne de blé sous les 332 euros pour une livraison à brève échéance, en recul de 7,5 % sur une semaine.

Autre facteur de baisse des prix : un nouveau mode de calcul des taxes à l'exportation de la Russie, qui passent du dollar au rouble, entraînant mécaniquement une baisse des taxes de plusieurs dizaines de dollars par tonne.

Aux États-Unis, l'orientation à la baisse s'explique en particulier par un dollar fort et l'avancée de la récolte de blé d'hiver, qui « continue de s'étendre dans les Grandes Plaines et le Midwest », selon Jack Scoville, de la société de courtage Price Futures Goup.

Pour le maïs, Ryan Nielsen, de Brugler Marketing and Management, relie la baisse des cours à des prévisions de récolte record au Brésil : « La seconde récolte (la principale, ndlr) du Brésil à elle seule va être plus importante que l'ensemble de leurs trois récoltes de l'année dernière », affirme-t-il. « On a un effet de balancier », explique Damien Vercambre, courtier chez Inter-Courtage : « le repli des cours a incité les acheteurs à revenir. Ce retour des acheteurs et le début des moissons en Europe viennent contrebalancer ce mouvement de baisse, ce qui explique l'oscillation des cours, entre chutes et rebonds ».

Ainsi, un nouveau gros achat de l'Egypte, de près d'un demi-million de tonnes de blé tendre d'origines russe, française et roumaine, avait fait repartir à la hausse le cours de la céréale lundi sur le marché européen, avant une nouvelle chute mardi.

Bataille des drapeaux

Face à des besoins alimentaires toujours croissants, l'inquiétude porte toujours sur les difficultés d'approvisionnement des pays les plus fragiles. La Russie, dont la récolte s'annonce exceptionnelle et qui pourrait potentiellement exporter jusqu'à 40 millions de tonnes de blé en 2022-23, a gagné en compétitivité en modifiant son mode de calcul des taxes à l'exportation, mais fait toujours face à des difficultés logistiques pour sortir les grains de la mer Noire, selon des observateurs du marché.

Une difficulté à laquelle est en premier lieu confrontée l'Ukraine, dont les exportations par le rail et la route ont ralenti au mois de juin, sans espoir de voir par ailleurs aboutir un compromis rapide pour évacuer des produits agricoles via des corridors maritimes sécurisés.

Dans ce contexte, la bataille de la communication fait rage : la Russie affirme avoir la capacité de répondre à la demande alimentaire mondiale et déplore être entravée par l'Occident. Kiev accuse Moscou de piller ses ressources et d'évacuer illégalement des graines depuis les territoires ukrainiens occupés par les Russes.

Au cœur de cette bataille des drapeaux, le cargo Zhibek Zholy battant pavillon russe et parti du port ukrainien occupé de Berdiansk, est actuellement dans la rade de Karasu, port turc de la mer Noire, où les autorités turques effectuent ce mercredi des contrôles. « Une procédure standard » selon Moscou, tandis que l'Ukraine assure qu'il s'agit d'une inspection demandée par Kiev pour déterminer la provenance exacte de 7 000 tonnes de blé « volé ».

Inscription à notre newsletter

Déja 3 réactions