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Benoît Planchant exploite dans le Pas-de-Calais, avec ses parents et son oncle, 180 ha dont 80 ha de blé, 5 ha de colza, 28 ha de pommes de terre, 7,5 ha de carottes, 10 ha de pois de conserve, 13 ha de lin textile et 30 ha betteraves, en terres de limons battants et argileux, sur deux sites, dont Izel-lès-Hameaux. « La majorité se situe sur de très bonnes terres. Pour le matériel, je travaille beaucoup en Cuma ou en copropriété. Avant 2012, je semais avec un combiné classique rotative Kuhn et semoir Nodet en 4 m. Il date de 1993 et affiche 4.700 ha au compteur. Il reste en bon état mais nous ne trouvons plus de pièces détachées. Nous devons faire appel à un maréchal-ferrant et à un tourneur fraiseur. »
« Après deux agrandissements, nous avons quand même 220 ha à semer à l’automne. » La réflexion sur un changement de matériel a duré un an. « Nous avons fait le tour de nos voisins en possession d’un semoir rapide. Tous en étaient satisfaits. Il faut dire que les huit années précédentes, les conditions de semis étaient bonnes. Dans ce cas, le semoir rapide est un outil performant, même sur labour. » Benoît Planchant et ses deux confrères font donc l’acquisition d’un Horsch Pronto 4DC en 4 m repliable. Il a été baptisé l’année dernière sur une quarantaine d’hectares d’escourgeon et de blé. L’arrivée de la pluie a quelque peu contrarié leurs plans. « On a forcé à plusieurs reprises jusqu’à bourrer toute la barre de pneus. Nous avons dû ressortir le vieux combiné pour finir les semis au mois de décembre. Heureusement, c’était une année à grains et j’ai atteint 106 q/ha de moyenne sur 85 ha alors que j’espérais seulement 80 q/ha vu l’état des parcelles en sortie d’hiver. »

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Semoir au hangar
Cette année, les compteurs d’eau affichaient 90 mm de moins en octobre par rapport à 2012 mais quand même une trentaine de plus que la moyenne et déjà 95 mm en novembre. « Les semis ont démarré le 25 septembre, avant la récolte de pommes de terre, plus tôt que d’habitude mais avec l’expérience passée, nous avons voulu assurer. Avec le Horsch, nous semons à 15 km/h. En 4 m, cela signifie un chantier qui avance deux fois plus vite qu’avant. Le travail est bien fait même si nous observons une légère butte sur la raie de semis. Elle disparaît à la levée mais vu le prix de l’équipement, j’attends un certain niveau de perfection. »

Il reste 40 ha à semer chez Benoît Planchant et 30 ha à semer chez ses deux confrères. « Le semoir est rangé depuis près d'un mois. Nous avons pu récolter les pommes de terre, les carottes et les maïs. Je suis bien content d’avoir fini vu les quantités tombées depuis. » Il avoue que la situation devient préoccupante et l’inquiétude se ressent. « Nous sommes à 85 ha de céréales semés au Horsch et 20 ha au combiné de semis de 3 m prêté par la Cuma, le nôtre ayant eu un défaut de roulement. Avec un combiné, je pense que nous en serions au même niveau. L’année dernière aucun matériel ne passait. Nous n’en sommes pas là mais nous nous en approchons. »
pas adapté à la région
Benoît Planchant lance qu’il « ne va pas prendre le risque une troisième année. Ce type de matériel n’est pas fait pour notre région. Ou alors pour ceux qui n’ont que des céréales et du colza. Nous avons trop de précédents à récolter tard. » Quand il pleut à la récolte, le chantier abîme les sols. Le labour s’impose alors pour restructurer derrière maïs, betterave ou carotte. « Le Horsch peut passer sur un labour, à condition que la terre soit bien émiettée, mais depuis deux ans, c’est trop gras. Et puis, ce n’est pas la philosophie du travail avec un semoir rapide. »

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« Avant 2012, même après des récoltes tardives, je déchaumais puis semais sans problème. Là c’est la galère. Il y a trop d’hectares à semer, trop d’enjeux. Surtout que l’évolution du climat semble tendre vers de plus en plus de pluie à l’automne. Nous ne devrions pas perdre d’argent, ou très peu, si nous abandonnons le Horsch car le vieux combiné partira avec. Mais quitte à changer, il vaut mieux le faire maintenant. Par contre, nous n’avons plus le droit à l’erreur. Notre dernier semoir a tenu vingt ans, ça vaut le coup. Nous choisirons probablement un semoir à disque, question précision de terrage et qualité de semis. Il travaille moins vite et consomme plus de gasoil mais au moins il ne s’arrête pas. »
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