Prévention du suicide en agriculture
Agri-sentinelles, le réseau pour faire des techniciens des « lanceurs d’alerte »

Parce que, selon les dernières estimations de la MSA, un agriculteur se suicide chaque jour en France, Allice, l’union des entreprises d’insémination artificielle a initié, il y a un an, la création d’un réseau baptisé Agri-sentinelles. « Un jour, l’un des agents d’Allice a appris le suicide d’un éleveur chez qui il était intervenu la veille. De cette situation difficile à vivre a découlé le souhait de lutter collectivement contre le fléau du suicide et d’aider les personnes qui interviennent en élevage.

[Interview] Delphine Neumeister : « former les techniciens à la détection des signaux du risque suicidaire »

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Un an plus tard, le réseau Agri-sentinelles fédère près d’une trentaine d’organisations partenaires, dont l’Institut de l’élevage, Coop de France, le ministère de l’agriculture, des syndicats et des interprofessions. Et se dote d’un site internet dédié : www.réseau-agri-sentinelles.fr. « Le site fait notamment l’inventaire des formations existantes au repérage des situations de détresse psychologique, mais aussi des dispositifs existants dans chaque département ».

L’objectif du site et « de mieux faire connaître les organisations et les dispositifs qui prennent en charge les agriculteurs en difficulté », à commencer par les DDT, les MSA et chambres d’agriculture de chaque département, ou encore le réseau Solidarités paysans.

« Ces outils fonctionnent mais ne sont pas toujours connus des agriculteurs », regrette Delphine Neumeister. Ni même des conseillers et techniciens qui interviennent auprès de ces derniers. « Nous souhaitons sensibiliser les personnes travaillant avec les agriculteurs à ces outils existants et permettre aux techniciens d’être mieux formés au repérage d’un risque suicidaire. Il y a un certain nombre de signes qui peuvent être détecter, encore faut-il être formé pour en prendre conscience, voir ces signaux et alerter les bons interlocuteurs. »

10 000 techniciens et conseillers travaillant auprès des agriculteurs au quotidien pourraient devenir des agri-sentinelles.

Autrement dit, le réseau Agri-sentinelles souhaite faire des techniciens des « lanceurs d’alerte ». « De nombreuses personnes peuvent être témoins de situations psychosociales qui se dégradent dans une exploitation. »

Delphine Neumeister estime à 10 000 le nombre de personnes potentielles qui pourraient devenir des « agri-sentinelles ». « Si nous arrivions à convaincre ne serait-ce que 10 % d’entre eux, ce serait déjà bien. »

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