Le cas de David Autret, dans le Finistère, est un peu différent de ceux de Michel Chevalier, Gaëtan Arnaud et Dimitri Gavanon : il n'est pas agriculteur mais salarié agricole et son handicap est moins visible. Depuis l’âge de 10 ans, il est atteint de la maladie de Crohn. Ce qui ne l’a pas empêché, lui qui a toujours aimé les animaux et souhaité travailler en élevage, de s’engager dans la voie professionnelle qu’il voulait, malgré les réticences de ses professeurs qui lui conseillaient plutôt le para-agricole, dans un bureau.
Pas un frein à l'embauche
Pendant ses études agricoles, et depuis 5-6 ans qu’il est agent de remplacement, il n’a jamais eu de problème pour être embauché. « Au début de ma pathologie, je passais des séjours réguliers à l’hôpital. En Bac pro et en BTS, je ratais pas mal de cours et les stages me fatiguais beaucoup, relate-t-il. Aujourd’hui, je la connais mieux, j’arrive à la gérer, mon traitement permet de bien l’équilibrer. »


« Dès que je postule, j’en parle, je suis transparent », précise-t-il. Ainsi, les employeurs comprennent mieux sa fatigue et qu’il puisse tomber malade plus fréquemment. « Très vite, ils voient que je suis motivé, sérieux et persévérant, des qualités qui plaisent en agriculture, et ils sont plus indulgents », indique David.
« Avoir un bon mental et être bien entouré »
« Dès que j’ai un coup de mou, ils me laissent prendre une pause, ou effectuer des travaux en tracteur, moins fatigants. » Actuellement, le jeune salarié de 27 ans travaille sur trois exploitations, environ 40 h par semaine, sans aménagements spécifiques à part un vendredi de repos sur quatre, voire 50-55 h lors des pointes d’activité.
« Je participe à toutes les tâches : l'alimentation et les soins aux bêtes principalement, mais aussi les chantiers en plaine. Je privilégie autant que possible les exploitations mécanisées au niveau du paillage et de la distribution de l’aliment, et équipées d’un robot de traite.
Un seul agriculteur a eu du mal à comprendre le handicap du jeune homme et faisait preuve de beaucoup d’exigences. Touché à son tour par la maladie, il a changé de comportement. « Il faut croire en ses rêves. Si l’on a un bon mental et qu’on est bien entouré par sa famille, ses collègues et ses patrons, il n’y a pas de raison de ne pas y arriver. » Exercer un métier qui le passionne est même bénéfique à sa santé. Alors il envisage de rester salarié, plutôt que de s'installer, pour ne pas pertuber l'équilibre qu'il a trouvé, et garder du temps pour lui et ses proches.