Plus on recule la récolte des betteraves, plus le rendement en sucre est élevé. Il est donc tentant de repousser ses arrachages au plus près des dates prévues dans le planning d’enlèvement fourni par la sucrerie… mais sans prendre le risque de ne pouvoir intervenir, ou de devoir récolter dans de mauvaises conditions. C’est pourquoi, il est nécessaire de tenir compte des prévisions météorologiques et d’anticiper une éventuelle période de pluies.
Compromis entre rendement en sucre et qualité d’arrachage
« Le choix de la date d’arrachage sera un compromis entre richesse en sucre et conditions d’arrachage satisfaisantes, souligne Hervé Hémeryck, technicien cultures industrielles chez Soufflet. Les agriculteurs se donnent souvent une marge de sécurité d’une semaine pour être sûrs de disposer de bonnes conditions de récolte et ne pas « rater » la mise à disposition du silo pour l’enlèvement à destination de la sucrerie. Pour les mêmes raisons, il sera conseillé de prévoir d’arracher les parcelles les plus argileuses qui se ressuient moins bien, en premier, afin d’éviter de ne pouvoir rentrer dans les parcelles plus tard à l’automne, ou d’avoir un taux de tare-terre élevé à la récolte. »
Compromis entre risque de gel et conservation au silo
Par rapport à il y a quelques années, les sucreries ont rallongé leurs campagnes et tournent désormais jusque fin janvier, voire mi-février. Mais qui dit récolte en fin d’automne ou début d’hiver, dit aussi risque de gel. Or les betteraves sont très sensibles au gel. Il est impératif de les récolter avant qu’il ne fasse trop froid. La difficulté alors est que les racines vont rester en silo un certain temps avant d’être enlevées. Si une période de gel est annoncée, les betteraves devront être protégées par une bâche ou de la paille. S’il fait en revanche, trop chaud, elles risquent de mal se conserver, surtout si elles ont été touchées par des maladies en cours de végétation, ou blessées au moment de l’arrachage. Le compromis est donc à trouver entre risque de gel et bonne conservation au silo. « Si en cours de végétation, une parcelle a été attaquée par Lixus juncii, responsable du développement de rhizopus en cours de conservation, il faudra la récolter avant les autres, conseille Hervé Hémeryck. Il est aussi recommandé de ne pas récolter de betteraves qui doivent rester longtemps en silo, lorsque la température est supérieure à 15°C. »
Compromis dans le choix des variétés
Les premiers critères de choix des variétés de betteraves sont le rendement en sucre et la tolérance aux nématodes et aux maladies, forte pression rhizomanie et cercosporiose. « A rendement et résistances aux principaux bio-agresseurs, équivalents, il pourra être intéressant de privilégier une variété qui apporte un plus contre la tare-terre dans les terres argileuses, ajoute le responsable technique. De même, il n’existe pas vraiment de variétés identifiées comme se conservant mieux en silo, mais certaines sont plus tolérantes au rhizopus. On pourra les réserver aux arrachages tardifs. » Là encore, un compromis pourra être trouvé au moment du choix des variétés.
