Les marchés ont subi de telles turbulences ces derniers mois qu’il peut être judicieux de se pencher sur les règles de base de la fertilisation de fond des cultures, et en particulier celle du blé, qui occupe très souvent la surface la plus importante de l’exploitation. Le calcul des apports en phosphore et potassium repose sur la méthode du Comifer.
« On sait que le blé, récolté en grains, exporte 0,65 kg/q de P2O5, 0,50 kg/q de K2O et 0,12 kg/q de MgO, explique Alain Canard. Ce qui signifie qu’un blé, qui a atteint un rendement de 85 q/ha, exporte 55,25 unités/ha de P2O5, 42,5 u/ha de K2O et 10,2 u/ha de MgO. » À partir de là, pour déterminer les quantités d’éléments à apporter effectivement à la culture, la méthode du Comifer (lien avec l’article Farmi sur les apports en P et K en grandes cultures) suggère d’appliquer un coefficient multiplicateur pour adapter la fertilisation à l’exigence de la culture, au passé récent de fertilisation et à la teneur en phosphore et potassium du sol.
Raisonner selon le passé de fertilisation et la teneur du sol
Si le blé tendre est considéré comme une culture peu exigeante en phosphore et potasse, le blé sur blé est classé dans les cultures moyennement exigeantes. Pour déterminer les apports à réaliser, il suffit de repérer le coefficient correspondant à la situation de la parcelle, et de l’appliquer aux valeurs exportées prévisionnelles.
En cas de teneur du sol faible en phosphore, par exemple, sans impasse de fertilisation de fond les années précédentes, on appliquera un coefficient de 1,3 aux quantités exportées. La fertilisation en P2O5 pour un objectif de rendement de 85 q/ha se situera alors à 55,25 unités/ha de P2O5 x 1,3, soit 72 u. Dans le même exemple, si le sol est moyennement pourvu en potasse, le coefficient sera de 1. L’apport à effectuer correspondra aux quantités exportées, soit 42,5 u/ha de K2O.
Impasses possibles selon les teneurs du sol
Comme le blé est une culture peu exigeante en P et K, en présence d’un sol bien pourvu, l’impasse en phosphore ou en potasse est possible. Un sol est bien pourvu en phosphore, s’il dispose d’une teneur en P2O5, selon la méthode Olsen, d’au moins 50 ppm (mg/kg), 80 ppm, s’il s’agit d’un sol de craie. De même, un sol sera considéré comme bien pourvu en potasse, s’il dispose d’une teneur en potassium échangeable (disponible pour la plante) supérieure à 100 ppm pour un sableux, à 200 ppm pour un sol argileux.
En cas d’enlèvement des pailles
Lorsque les pailles de blé sont enlevées, la disponibilité en P mais surtout en K, diminue pour la culture qui suit. « Le supplément d’apport qui va compenser les exportations de P et K avec les pailles doit alors être attribué à la culture suivante, et non à la culture dont les pailles seront exportées, précise Alain Canard. Et cette compensation ne s’envisage que dans le cas des sols qui n’ont pas une teneur suffisante dans cet élément. »
