En matière de désherbage, l’objectif est simple : réduire la concurrence des adventices pour garantir un bon démarrage des cultures. Et pour cela, un raisonnement à l’échelle de la rotation s’avère indispensable. Alternance des cultures d’hiver et de printemps pour varier les familles chimiques, technique du faux semis, allongement de la rotation pour réduire la pression des mauvaises herbes, décalage des dates de semis pour limiter les levées des graminées automnales, recours au désherbage mécanique... ces leviers agronomiques constituent autant d’alternatives aux interventions chimiques. Même s’ils sont souvent très efficaces, ils ne sont malheureusement pas toujours suffisants.
Pour bâtir son programme de désherbage, tout commence par un état des lieux. Le niveau de salissement de la parcelle et l’éventuelle résistance de certaines adventices aux herbicides envisagés sont à prendre en compte. D’eux dépendront le choix des spécialités, les doses et les dates d’intervention : en prélevée, en post-levée, en pré + post à l’automne ou un traitement uniquement au printemps. L’enjeu : alterner et associer plusieurs modes d’action complémentaires pour couvrir un large spectre.
À l’automne, vulpin et ray-grass en ligne de mire
Depuis les années 2010, les stratégies ont évolué. Alors que jusque-là dominaient les stratégies de désherbage au printemps, les traitements à l’automne gagnent du terrain. La raison ? La montée en puissance des résistances au printemps. D’après Arvalis, si la post-levée reste la plus fréquente (43 % des surfaces), la prélevée (32 %) se développe fortement. Le risque de précipitations à l’automne incite, notamment dans le cas de semis tardifs, les agriculteurs à agir tôt, pour être sûrs de pouvoir entrer dans les parcelles.
À l’automne, trois molécules couvrent près de 80 % des applications : flufénacet, diflufénican et prosulfocarbe. L’association pré + post se développe aussi : elle représenterait aujourd’hui près de 25 % des traitements à l’automne, contre moins de 10 % en 2014. Sur céréales, le contrôle des graminées à l’automne, et particulièrement celui des vulpins et des ray-grass, reste le plus compliqué, mais aussi le plus stratégique car leur présence peut induire une perte de rendement allant jusqu’à 35 q/ha. Si les désherbages d’automne ciblent principalement les graminées, les produits utilisés ont, le plus souvent, un spectre dicotylédones qu’il convient de prendre en compte.
Pour beaucoup, l’intervention au printemps reste une solution « au cas où », en cas d’échec du traitement à l’automne. Il ne doit pourtant pas être oublié, d’autant que toutes les spécialités ne sont pas sujettes à des résistances. Mais avant d’opter pour une intervention au printemps, vérifier bien le délai avant récolte (DAR), notamment pour celles réalisées après le stade 2 nœuds des céréales.