S’il fallait hiérarchiser les critères de choix d’une variété de colza, bon nombre d’agriculteurs citeraient en premier, spontanément, le rendement. S’il est évidemment important, il ne doit pas constituer l’unique critère de sélection. L’objectif est de regarder plusieurs années d’essais pour déterminer la performance moyenne de la variété dans différents contextes climatiques. Au sein d’une exploitation, le conseil est de cultiver plusieurs variétés, pour diluer les risques, notamment sanitaires, et ainsi, sécuriser la production des quintaux produits. Mais attention, la performance présumée d’un colza ne s’exprimera que si la culture a été bien implantée et est en parfaite santé : l’itinéraire cultural a donc également toute son importante.
Autre critère à prendre en compte : la vigueur. Pour obtenir un colza robuste face aux aléas climatiques et sanitaires de début de cycle, le choix d’une variété vigoureuse, affichant une note au moins supérieure à 7, s’avère nécessaire. Cette note caractérise deux points : la vigueur de départ, signe d’une capacité à développer une surface foliaire significative au stade 3-4 feuilles pour résister au mieux aux attaques de grosses altises ; et la vigueur automnale qui reflète la dynamique de croissance de la plante jusqu’à l’entrée de l’hiver et sa capacité à limiter l’impact éventuel d’une pression de larves d’altises. À noter que seules les variétés évaluées depuis 2019 sont caractérisées.
Parmi les autres points d’attention : la sensibilité à l’élongation automnale. Le conseil est d’opter de préférence pour des variétés peu sensibles à ce phénomène pour se prémunir d’éventuels dégâts liés au gel dans les situations à risque : semis précoces, quantité importante d’azote disponible dans le sol, apport régulier de matière organique... Parmi les idées reçues à combattre, celle-ci : une variété dotée d’une bonne vigueur à l’automne sera forcément sujette à l’élongation. Non, ce n’est systématique ! Idem pour la verse : si les facteurs azote et densité de semis sont maîtrisés, le risque n’est pas plus grand.
Concernant le phoma, privilégiez les variétés notées très peu sensibles (TPS). Mais ces dernières années, de nouvelles résistances se sont déployées. Ainsi, l’institut technique Terres Inovia rappelle que « l’utilisation systématique de variétés ayant des résistances spécifiques efficaces (Rim3, Tim7, RImS et LepR1) favorise l’essor de populations de phoma capables de les contourner ». Ainsi, si vous choisissez des variétés présentant ces résistances, utilisez-les en alternance avec des variétés TPS qui n’en possèdent pas : cela limitera la pression de sélection.
Selon le contexte de votre exploitation, et les débouchés ciblés pour vos productions, d’autres critères sont à prendre en compte dans le choix de la variété comme la teneur en huile. Le contexte sanitaire doit également influer l’orientation vers telle ou telle génétique. Si vos parcelles sont concernées par la hernie ou l’orobanche rameuse, privilégiez des variétés peu sensibles. Enfin, dans les secteurs où le risque de gel est accru au printemps, évitez les variétés trop précoces à floraison. Dans les régions du Nord-Ouest de la France et dans les parcelles à faible réserve en eau, évitez les variétés tardives pour, respectivement, ne pas retarder la récolte et le remplissage des grains.