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Alsace Projet inédit pour évaluer migration des nitrates dans le sol

STRASBOURG, 8 août (AFP) - L'Alsace va être le laboratoire d'un projet inédit en Europe destiné à évaluer la vitesse de migration des nitrates jusqu'à la nappe phréatique dans une région où la qualité de l'eau se dégrade malgré l'évolution des pratiques agricoles.

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Le coup d'envoi du projet, qui consiste à forer le sol à plusieurs mètres pour en prélever un total de quelque 1 000 échantillons, sera lancé le 26 août à Obernai (35 km de Strasbourg), dans le Piémont vosgien où des niveaux préoccupants de nitrates sont localement recensés.

"Il existe des travaux de géologie pour de la prospection minière en grande profondeur ou d'agronomie à 20 ou 30 centimètres sous le sol, mais entre les deux on sait moins bien ce qui se passe", explique Jean Richert, conseiller scientifique auprès de la chambre d'agriculture du Bas-Rhin, à l'origine de ce projet "inédit en Europe". "Les seules références sur ce type de travail ont été trouvées dans l'Iowa aux Etats-Unis sur des sols ressemblant à ceux de l'Alsace", poursuit-il.

Le choix s'est porté sur Obernai car le site offre un "historique extrêmement précis" des pratiques agricoles. Un verger expérimental sans apport d'engrais azotés, grands générateurs de nitrates, a en effet été mis en place en 1983 sur une première parcelle et sur une seconde en 1995.

Six "carottes" de huit mètres de long seront extraites à ces emplacements, tandis que trois autres de 18 mètres seront prélevées sur le terrain d'agriculture conventionnelle d'un lycée agricole, exploité depuis 1970. Les carottes seront saucissonnées en morceaux d'un mètre, eux-mêmes "découpés" en petits bouts de 10 cm. En tout, quelque 1 000 échantillons de sol, analysés chacun sur 13 à 14 paramètres dans différents laboratoires de France, soit au final plus de 13 000 résultats analytiques.

Outre les nitrates, les recherches porteront sur les résidus phytosanitaires comme l'atrazine, un désherbant du maïs dont l'usage sera interdit en 2003, et le lindane, un pesticide désormais prohibé. Les scientifiques s'intéresseront également à la teneur en tritium, un isotope instable issu de l'hydrogène qui, à l'image du carbone 14 en archéologie, permet de dater les eaux de moins d'une cinquantaine d'années.

Cette technique de datation permettra d'affiner les évaluations des vitesses de transfert de ces produits dans la nappe phréatique, encore très mal connues, selon Jean Richert. Le programme de recherche s'étalera sur 12 à 18 mois mais les premiers rapports sont attendus pour l'hiver prochain. Les résultats pourront être extrapolés sur un tiers de la nappe phréatique rhénane qui alimente l'Alsace et dont la qualité se dégrade malgré le lancement en 1992 des opérations "Fertimieux", campagnes de conseil auprès des agriculteurs sur l'utilisation raisonnée des engrais.

Le projet, en préparation depuis trois ans à l'initiative de la chambre d'agriculture du Bas-Rhin, associe les bureaux de recherche géologique et minière (BRGM) d'Orléans et de Strasbourg, l'INRA et le CNRS de Nancy, l'agence de bassin Rhin-Meuse, le conseil général du Bas-Rhin et la région Alsace. Son coût total s'élève à environ 580 000 euros.


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