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France Les agriculteurs brandissent la menace d'un automne agité

PARIS, 5 sept (AFP) - Baisse des revenus, suspension des contrats territoriaux d'exploitation (CTE), les mauvaises nouvelles s'accumulent sur les agriculteurs qui réclament l'intervention des pouvoirs publics et se disent prêts à la confrontation.

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"Les agriculteurs sont malmenés car rares sont les secteurs agricoles épargnés par la crise. Conséquence, leur revenu pour 2002 va être fortement secoué", a indiqué jeudi Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA.

Premier accusé, la grande distribution : M. Lemétayer a insisté sur le "décrochage" des prix payés à la production par rapport à ceux payés par les consommateurs.

Les Jeunes Agriculteurs dénoncent eux-aussi la pression exercée par la grande distribution sur les producteurs, contraints de vendre à des prix ne couvrant pas leurs frais et qui ne peuvent "plus vivre de leur métier".

"Nous en avons ras-le-bol. Nous avons tout fait pour nous mettre autour d'une table (distributeurs-producteurs) afin de trouver des accords. Les discussions n'ont été suivies d'aucun effet", s'insurge Jérôme Despey, président du syndicat agricole, qui en appelle aux pouvoirs publics pour supprimer les dérives et aider les agriculteurs.

Si rien n'est fait, "les agriculteurs vont passer à un autre style d'action dès octobre, prendre les dispositions nécessaires pour se faire entendre", a prévenu M. Despey, envisageant "le blocage des centrales d'achats".

"Nous passerons de la concertation à la confrontation", a renchéri M. Lemétayer, "car c'est un dossier prioritaire pour défendre notre revenu". "Si nous ne sommes pas entendus, il pourrait y avoir des actions plus dures", a-t-il averti.

Les agriculteurs incriminent également le système des marges arrières (ristourne demandée par la grande distribution aux fabricants contre une présentation avantageuse...) et réclament une réunion avec le secrétaire d'Etat au Commerce Renaud Dutreil afin que chacun prenne "l'engagement d'aller vers plus de transparence dans les pratiques commerciales".

Concernant le fonctionnement même de la Commission sur les pratiques commerciales, M. Lemétayer réclame que soient "appliquées correctement les lois votées, à commencer par celle sur les nouvelles régulations économiques".

M. Lemétayer a par ailleurs estimé que la suspension de l'examen des contrats territoriaux d'exploitation (CTE) décidée par le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard "avait assez duré. Le ministre doit honorer les dossiers qui ont été agréés et reprendre l'instruction des dossiers", a-t-il martelé.

Il a invité M. Gaymard à annoncer "de manière très claire et dans les meilleurs délais la manière dont il compte pérenniser la politique contractuelle avec les agriculteurs". M. Lemétayer estime que le ministre doit obtenir "une enveloppe supplémentaire nécessaire pour respecter les engagements de l'Etat et pour que les CTE puissent continuer".

Le souci du ministère de "simplifier" les CTE "va dans le bon sens", a souligné de son côté M. Despey. Mais "si l'objectif du ministre est de faire des économies, je ne serai pas derrière lui", a-t-il déclaré enjoignant M. Gaymard à rétablir les CTE dans leur forme actuelle en attendant le nouveau dispositif.

Evoquant la politique agricole commune (Pac), le président de la FNSEA a par ailleurs confirmé qu'il n'était pas "contre des adaptations mais opposé à une réforme sur le fond". Plutôt qu'attaquer la Pac, on devrait passer "plus de temps à dire ce qu'elle a apporté à l'Europe, à notre agriculture et en matière de sécurité sanitaire", a-t-il estimé.


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