Les inondations dans le Gard et le Vaucluse ont noyé 40.000 hectares de vignes, mais l'ampleur des dégâts est pour l'instant encore difficile à évaluer. "Un état des lieux fait avant les intempéries laissait apparaître une récolte globalement en diminution par rapport aux estimations de début de l'été", explique Jean-Luc Dairien, directeur de l'Office national interprofessionnel des vins (ONIVINS). Une baisse de volume qui doit logiquement s'accentuer après les inondations dans le sud-est.
Côté qualité, ce spécialiste souligne le caractère "hétérogène" d'une région à l'autre. "Il n'y a pas de tendance longue au niveau de la région. Si le vent souffle au bon moment, les vignes sèchent et cela peut redresser la qualité en permettant de compenser une bonne partie du déficit en sucre", dit-il. Une chose est sûre, 2002 ne sera pas le millésime du siècle. Mais il est encore trop tôt pour faire des pronostics plus avant, 20 à 25% de la récolte seulement ayant été rentrée. Dans le bordelais, où les vendanges débutent la semaine prochaine, "l'état sanitaire est moyen", reconnaît Guy Meslin, qui gère la propriété familiale Château Laroze à Saint-Emilion. Principaux accusés, la coulure et le millerandage, des maladies de fin de floraison dues au froid qui a sévi au printemps dans la région, ainsi que la "pourriture grise" générée par l'humidité. "Selon les secteurs, les viticulteurs ont été plus ou moins touchés mais les pertes sont importantes surtout sur les vieilles vignes particulièrement sensibles", ajoute M. Meslin. Résultat, les opérations de "tri" des grappes vont se multiplier, entraînant un prix de revient plus élevé pour les viticulteurs en raison du coût de la main d'oeuvre et d'un volume moindre. "C'est un millésime difficile", concède M. Meslin. "Le mois d'août nous avait laissé plutôt pessimistes, mais ces belles journées de la mi-septembre arrivent au bon moment et je ne pense pas que nous passions à côté du millésime", explique-t-il.
Dans la Loire, la récolte débute la semaine prochaine pour les blancs et l'inquiétude des dernières semaines a laissé place à la "sérénité", juge Henry Marionnet du Domaine de la Charmoise. "Après une période pluvieuse, il y a trois semaines, qui a produit quelques foyers de pourriture, la situation s'est stabilisée avec le retour d'un temps sec. La maturité avance relativement bien", précise ce professionnel.
En Bourgogne, où la vendange commence lundi, l'heure est également à l'optimisme. "L'état sanitaire du vignoble est relativement sain. Le début d'août a été assez pluvieux, ensuite nous avons eu de belles journées ensoleillées, beaucoup de vent et des nuits relativement fraîches. Si le temps se maintient on pourra faire quelque chose de bien", résume Emmanuel du Domaine Roux Père et Fils à Saint Aubin, en Côte d'Or. |