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Viande bovine Les consommateurs français voient le retour du boeuf anglais d'un mauvais oeil

PARIS, 20 sept (AFP) - Le retour possible du boeuf britannique dans les assiettes françaises, après l'avis favorable rendu vendredi par l'Afssa, suscite l'inquiétude des consommateurs qui craignent le manque de rigueur des contrôles effectués en Grande-Bretagne.

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"Certes, la levée de l'embargo devait arriver à un moment ou à un autre, mais elle doit se faire par étape, sans précipitation, et avec des contrôles précis", tranche Marie-José Nicoli, présidente de l'UFC-Que Choisir, l'une des principales associations de consommateurs français.

L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a donné vendredi son feu vert à la levée de l'embargo imposé par Paris depuis plus de six ans sur la viande bovine britannique. Le gouvernement, lui, "ne veut pas agir dans la précipitation. Cela nécessite un minimum d'expertise car il y a encore des zones d'ombre", a-t-on indiqué de source gouvernementale. "Je n'ai aucune inquiétude sur les viandes telles qu'elles sont exportées actuellement par la Grande-Bretagne" dans la mesure où elles sont contrôlées par deux laboratoires qui effectuent des contrôles stricts, a reconnu Mme Nicoli. "Mais, dès l'instant où l'embargo sera levé, les cadences vont augmenter, d'autres laboratoires vont demander des agréments. Là, il faudra qu'il y ait du répondant au niveau du contrôle, du suivi de la traçabilité. Des vérifications très rigoureuses seront nécessaires", a-t-elle fait valoir.

Mme Nicoli a rappelé que l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine) était loin d'être éradiquée en Grande Bretagne. "Le nombre de cas de vaches folles au Royaume-Uni est encore aujourd'hui 7 à 10 fois plus élevé qu'en France alors que le cheptel de cette dernière est deux fois plus élevé. Et les programmes de contrôles sont beaucoup moins systématiques au Royaume-Uni que dans l'Hexagone", a-t-elle affirmé.

"L'avis de l'Afssa fait autorité, mais nous avons quelques doutes quant à l'application du principe de précaution", a déclaré de son côté Daniel Tournez, secrétaire général d'Indecosa-CGT, l'une des associations nationales de consommateurs de Consofrance. "La levée de l'embargo n'est pas faite pour nous rassurer et les consommateurs français sont très inquiets", a-t-il confié. Cette décision risque de "jeter de nouveau l'anathème sur la viande bovine en France. On aura beau dire que scientifiquement, il n'y a rien à craindre, les consommateurs ne veront que le nombre encore conséquent de cas d'ESB en Grande-Bretagne", a-t-il mis en garde.

Mme Nicoli a par ailleurs réclamé un "effort d'étiquetage" au niveau de la restauration collective. "A moins de se démener, il est difficile de connaître la provenance de la viande" dans ce secteur, a-t-elle assuré. "Il est évident que, pendant un certain temps, les bouchers et la grande distribution ne vont pas acheter de la viande bovine anglaise. On la trouvera dans les plats cuisinés de la restauration collective", a-t-elle expliqué estimant que les consommateurs devaient être mieux informés sur l'origine de la viande bovine servie par ce secteur. Quant aux cantines scolaires, l'arrivée de la viande britannique dans les plats servis aux élèves dépendra surtout de son coût.

Avant 1996, date de l'embargo décrété par la France, l'Hexagone était le meilleur client du Royaume-Uni.


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