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Relations commerciales Dialogue de sourds entre agriculteurs et distributeurs

PARIS, 2 oct (AFP) - La réunion organisée mercredi 2 octobre entre agriculteurs et distributeurs pour éviter les crises comme celle des fruits, cet été, a débouché sur une impasse, et les agriculteurs en colère ont décidé de bloquer des centrales d'achats, ce qui peut paralyser quantité de grandes surface.

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La FNSEA et les Jeunes agriculteurs réclamaient des prix minimum en cas de crise, et plus globalement une meilleure "répartition des marges" entre producteurs et grandes surfaces pour assurer un meilleur revenu aux agriculteurs selon eux menacés de disparition par des cours trop bas.
Ils auraient d'ailleurs voulu que les industriels participent à cette table ronde.
La distribution, représentée par plusieurs enseignes et la FCD (Fédération du commerce et de la distribution), a répété de son côté qu'il est impossible de revenir aux prix garantis, que ne permet plus la politique agricole commune, ni à un encadrement des marges, incompatible avec l'économie de marché, a expliqué le président de la FCD Jérôme Bédier. Son crédo: les contrats collectifs et les filières de qualité.
Le Secrétaire d'Etat au Commerce Renaud Dutreil, arbitre de cette houleuse rencontre, a botté en touche en décidant de créer des groupes de travail pour chaque filière et espéré "trouver des moyens d'anticiper les crises".
Il a aussi satisfait à la demande du président de la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, en l'invitant à participer à la Commission d'examen des pratiques commerciales (CEPC), chargée de plancher sur les relations distributeurs- fournisseurs.
"Nous en avons assez des groupes de travail, nous en avons eu avec la distribution tout l'été. Cette réunion est un camouflet et une déception", a commenté avec amertume le président des Jeunes Agriculteurs, Jérôme Despey, qui dénonce "des prix toujours plus bas pour les producteurs, toujours plus hauts pour le consommateur".
"Nous donnons rendez-vous dès octobre devant les grandes plate-formes des centrales d'achat", a-t-il prévenu.
"Nous sortons tristes et déçus de cette réunion boiteuse", a renchéri M. Lemétayer, qui avec les Jeunes agriculteurs a tenu un point de presse séparé au sortir de la réunion. "Nous n'avons pas abordé les problèmes de fond sur les revenus des agriculteurs. Qu'on parle politique avant de parler sectoriel", a-t-il souhaité.
Les agriculteurs étaient particulièrement déçus de ne pas avoir obtenu l'assurance de prix minimum en cas de crise, car ce mercredi le Conseil de la Concurrence a rendu un avis très critique sur un accord de prix passé cet été entre agriculteurs et distributeurs sur les pêches et nectarines française.
Renaud Dutreil a reconnu que l'avis du Conseil de la Concurrence montrait les limites juridiques de tels accords en regard du droit de la concurrence, et indiqué qu'ils ne pourraient donc être étendus à d'autre secteurs car "cela représenterait un risque pour l'Administration".
Mais il a promis de "chercher des moyens licites" pour fixer des prix minimum, engagement qui n'a pas du tout convaincu les syndicalistes agricoles.
Jean-Michel Lemétayer a aussi averti que la FNSEA allait monter au créneau contre les marges arrières de la distribution (sommes demandées par la distribution aux fournisseurs pour des avantages commerciaux) et que le syndicat allait créer sa propre "association pour la transparence des pratiques commerciales". Cette commission attirera, selon lui, davantage de PME souhaitant s'exprimer que la CEPC.


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