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Union européenne L'ombre de la PAC sur une réunion des ministres de l'Agriculture

BRUXELLES, 7 sept (AFP) - Les ministres de l'Agriculture de l'UE se retrouvent dimanche soir à Nyborg (Danemark) pour trois jours de réunion informelle, où il leur sera difficile d'éviter les sujets qui fâchent : l'avenir des politiques communes de l'agriculture et de la pêche.

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La présidence danoise des Quinze a choisi pour unique thème de la rencontre le sujet plutôt consensuel de "l'innovation et la recherche" dans le secteur agricole européen. En clair: comment utiliser les 685 millions d'euros prévus dans le 6ème programme cadre de recherche de l'UE (2003-2006) pour améliorer la sécurité alimentaire.

Mais personne n'imagine que les Quinze n'en profitent pas aussi pour s'entretenir en coulisse des réformes controversées de la politique agricole commune (PAC) et de la politique communautaire de pêche (PCP) proposées par le commissaire européen à l'Agriculture, Franz Fischler.

"Evidemment, tout le monde va en parler dans les couloirs", concède une source européenne, en soulignant la maigreur d'un programme officiel qui ne prévoit qu'une seule session de travail mardi matin, à laquelle se joindront les ministres des pays candidats à l'UE.

Vent debout contre les projets de M. Fischler, la France, première bénéficiaire de la PAC et également l'un des "gros" pêcheurs des Quinze, annonce en tous cas la couleur. Le ministre français Hervé Gaymard entend renforcer à Nyborg l'alliance entre Paris et les autres opposants aux réformes proposées par Bruxelles. "L'idée est de consolider les liens avec les +amis de la PAC+ et les +amis de la pêche+", confie-t-on dans son entourage.

La France, l'Espagne, l'Italie, le Portugal, l'Irlande et la Grèce sont fermement opposés au projet de réforme de la PCP, qui prévoit de retirer 8.600 navires de la flotte européenne de pêche entre 2003 et fin 2006. La réforme, qui a pour but de lutter contre la raréfaction du poisson, menace 28.000 emplois directs dans toute l'UE sur les quatre années à venir. M. Fischler souhaite la faire adopter par les Quinze d'ici décembre.

La révision de la PAC suscite encore plus d'opposition. Outre les pays "méditerranéens" et l'Irlande, d'autres pays comme l'Autriche, le Luxembourg la voient d'un mauvais oeil. La France et ses alliés rejettent la philosophie du projet de Bruxelles, qui révolutionnerait la politique agricole européenne en découplant pour la première fois les subventions accordées aux agriculteurs du niveau de leur production. A l'opposé, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède, soucieux de réduire le coût budgétaire de la PAC, qui absorbe plus de 40% du budget communautaire, sont les principaux soutiens de M. Fischler.

Aucune avancée majeure n'est attendue sur les deux dossiers à Nyborg. Au mieux, la rencontre servira d'échauffement avant le prochain conseil des ministres formel des 23 et 24 septembre prochains à Bruxelles, qui sera dominé par la politique commune de la pêche. "Je crois malheureusement que cette Europe ne bougera pas d'un iota tant qu'on ne saura pas qui va diriger l'un des plus gros pays de l'Union", relève une source européenne, en soulignant l'hypothèque que fait peser le résultat incertain des élections législatives allemandes du 22 septembre.


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