A deux semaines des élections législatives en Allemagne, le chancelier allemand avait invité à dîner le président français à son domicile privé à Hanovre (nord). Cette réunion informelle, à laquelle participaient les ministres des Affaires étrangères Joschka Fischer et Dominique de Villepin, a donné lieu à deux heures et demie d'"intenses discussions", selon M. Schroeder.
"Nous sommes désormais certains d'arriver à une position commune sur la politique agricole" avant le sommet de Copenhague, qui doit entériner l'élargissement de l'Union européenne (UE) à une dizaine de pays à forte composante agricole, a affirmé le chancelier devant la presse.
Le chef de l'Etat français a exprimé de son côté "la détermination" de la France et de l'Allemagne à aller "la main dans la main à Bruxelles et Copenhague". Les ministres de l'Agriculture de l'Union se réunissent les 23 et 24 septembre pour tenter notamment d'avancer sur cet épineux dossier qui divise les Européens.
La France et l'Allemagne, surtout, s'opposent sur un projet de réforme de la Commission européenne qui vise à couper tout lien entre le niveau de la production et celui des subventions agricoles.
Première bénéficiaire de la Pac, la France argue du fait que seule une "révision" à mi-parcours était prévue lors de l'adoption en 1999 à Berlin du cadre budgétaire de l'Union européenne pour la période 2000-2006. L'Allemagne, plus gros contributeur net au budget européen, souhaite une réforme rapide pour éviter une envolée des coûts due à l'élargissement.
Selon le chancelier, chacun a compris les réticences de l'autre : "La France a compris que nous devons réduire les coûts pris en charge par l'Allemagne et nous avons compris que la France ne peut accepter que la situation change avant 2006".
A propos des menaces américaines d'une attaque contre l'Irak, MM. Schroeder et Chirac n'ont pu que constater leurs différences de point de vue sur une solution militaire. Le chancelier a rappelé que l'Allemagne ne participerait pas à une intervention, tandis que le président français a insisté sur le rôle prépondérant du Conseil de sécurité des Nations unies.
"En tant que membre du Conseil de sécurité, la France attendra le débat au Conseil pour indiquer sa position finale", a déclaré M. Chirac.
En revanche, ils ont rappelé leur accord sur quatre points : pas d'action unilatérale des Etats-Unis, pas d'attaque dont le but premier serait de renverser Saddam Hussein, une solution qui passe par le Conseil de sécurité de l'ONU et un retour inconditionnel en Irak des inspecteurs en désarmement des Nations unies.
MM. Schroeder et Chirac ont par ailleurs chargé leurs ministres des Affaires étrangères d'élaborer, dès le lendemain des législatives allemandes du 22 septembre, une "déclaration politique" commune célébrant le 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée.
Cette déclaration, qui sera adoptée le 22 janvier 2003 lors d'une cérémonie à Paris, est destinée à relancer la dynamique du couple franco-allemand, mis à mal ces dernières années. |