Login

Pologne Le plan de Fischler pour l'agriculture n'a pas convaincu

VARSOVIE, 13 sept (AFP) - La fermeté du ton employé par le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler pour convaincre la Pologne d'accepter son plan dans le cadre des négociations d'adhésion à l'Union européenne semble ne pas avoir convaincu, à en croire les réactions polonaises vendredi.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

"Le commissaire a tenté de convaincre les hommes politiques polonais de porter un regard plus favorable sur les propositions agricoles de la Commission européenne. Apparemment, ce n'était pas une réussite. Il a été conspué au parlement", a souligné vendredi le grand quotidien Gazeta Wyborcza.

M. Fischler, qui poursuivait vendredi sa visite de deux jours en Pologne, a effectivement été conspué la veille par plusieurs députés anti-européens, lorsqu'il défendait la proposition de Bruxelles de n'accorder dans un premier temps aux fermiers des nouveaux adhérents que 25 % des aides directes offertes actuellement aux agriculteurs des Quinze.

"Le commissaire Fischler n'était pas convaincant du tout, lorsqu'il a mis en avant les aides structurelles aux campagnes, au détriment des subventions directes", a déclaré vendredi à l'AFP un député de la majorité sociale-démocrate, Stanislaw Stec, membre de la commission parlementaire à l'Agriculture.

M. Fischler a présenté aux députés l'argument que 100 % des subventions directes risqueraient de "freiner la modernisation" des fermes polonaises. M. Stec estime qu'au contraire, "une insuffisance de fonds empêcherait les fermiers d'investir dans la modernisation" de leurs exploitations.

A la fin de la rencontre au parlement, plusieurs députés du parti nationaliste LPR et du parti paysan PSL (allié des socio-démocrates au pouvoir) ont sifflé dans les microphones.

M. Fischler a minimisé l'incident : "Une démocratie a besoin d'opposition, donc aussi de critiques", a-t-il dit aux journalistes.

La Pologne est l'un des 10 pays candidats susceptibles de clore avant la fin de l'année leurs négociations d'adhésion avec Bruxelles, en vue d'intégrer l'Union européenne en 2004.

Lors d'une rencontre jeudi avec Jaroslaw Kalinowski, le ministre polonais de l'Agriculture, le commissaire européen a pressé la Pologne d'accepter les offres de l'Union aux fermiers des pays candidats, "perdants" si les négociations d'adhésion n'étaient pas bouclées cette année.

"Je pense que la pire chose qui puisse arriver serait un non élargissement (de l'Union européenne) et la situation des fermiers sera bien pire si l'on n'arrive pas à une conclusion comme prévu", a-t-il dit après la rencontre.

M. Fischler a défendu l'ensemble de ses propositions comme "bien équilibré". Il a assuré que la Pologne aurait bien plus d'avantages après qu'avant son adhésion à l'Union.

M. Kalinowski a cependant réitéré les craintes de Varsovie d'être obligé de verser plus d'argent au budget communautaire qu'elle n'en reçoit, dans un premier temps.

"Les informations dont nous disposons et nos propres analyses nous font craindre que nous ayons à financer nous-mêmes l'élargissement de l'Union, et que nous n'en soyons pas les bénéficiaires nets", a-t-il affirmé.

Interrogée vendredi par l'AFP, la porte-parole du ministère Malgorzata Ksiazek s'est refusée à développer cette déclaration de M. Kalinowski.

Avec plus de 39 millions d'habitants, la Pologne est le plus grand des pays candidats. Environ 14,8 millions de Polonais, soit 38 % de la population, vivent à la campagne et 5,5 millions gagnent leur vie exclusivement dans l'agriculture.

Etant donné l'importance de son secteur agricole, la Pologne va mener des pourparlers particulièrement serrés dans ce domaine avant la conclusion d'un accord définitif, indispensable pour recevoir au sommet de Copenhague en décembre le feu vert des Quinze à rejoindre l'Union en 2004.

Les conditions d'adhésion obtenues par Varsovie auprès de Bruxelles ne manqueront pas d'avoir un impact sur les résultats d'un référendum national, attendu au printemps prochain, sur l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement