Lors d'une rencontre avec le Commissaire, les trois ministres de l'Agriculture de la Lituanie, de la Lettonie et de l'Estonie, vont rappeler le chemin que les agriculteurs de ces pays ont dû parcourir depuis la chute du système communiste en 1991.
Ils estiment avoir dû se battre pour rompre avec le système de l'agriculture collective dirigée à distance depuis Moscou à l'époque soviétique, les anciennes républiques ne disposaient pas à cette époque de leur propre politique ni de structures agricoles.
Désormais, de nombreuses exploitations créées à la chute du système communiste, n'ont pas su fonctionner dans les conditions de marché, beaucoup ont souffert de la crise économique en Russie en 1998, les exportations de produits agricoles se sont alors effondrées. "Les trois candidats baltes ont dû introduire des réformes beaucoup plus radicales que d'autres pays candidats", estime Martins Roze, haut responsable au ministère letton de l'Agriculture.
Les trois pays espèrent, de même que les sept autres candidats, achever cette année leurs négociations d'adhésion afin d'entrer dans l'UE en 2004, l'agriculture est un des derniers chapitres qui reste à négocier.
De même que d'autres candidats comme la Pologne voisine, les Baltes ne sont pas satisfaits du plan de M. Fischler visant à n'offrir que 25% du montant de l'aide accordée aux autres agriculteurs de l'UE durant la première année d'adhésion. Il faudra attendre dix ans pour que les fermiers des nouveaux pays adhérents aient le même niveau d'aide que les Quinze.
Les ministres, letton Atis Slakteris, estonien Jaanus Marrandi et lituanien Jeronimas Kraujelis vont s'efforcer de convaincre le Commissaire que les agriculteurs de ces trois pays représentent un cas à part et ont besoin d'une aide plus importante que celle proposée par la Commission. Les Quinze doivent définitivement mettre sur point leur position de négociation sur les questions agricoles lors du prochain sommet à Bruxelles en octobre. Cependant, le ministre des Affaires étrangères du Danemark, pays qui assure la présidence tournante de l'UE, n'a pas laissé beaucoup d'espoir. "Il n'y aura pas plus d'argent", avait affirmé M. Per Stig Moller lors de sa dernière visite. Les candidats baltes sont en particulier inquiets des quotas de production agricole fixés par l'UE, estimant qu'ils seront nécessairement fixés à la baisse pour eux, notamment dans la production de lait, estime M. Roze.
Les quotas seront fixés sur une production moyenne des dernières années, difficiles en raison de la crise russe. "L'Estonie doit être sûre qu'elle ne se fera pas prendre entre deux feux par l'UE, d'une part par les quotas de production et de l'autre par les aides", a affirmé Peeter Seestrand, haut responsable au ministère estonien de l'Agriculture.
Les négociateurs baltes craignent que si les conditions obtenues pour leurs agriculteurs ne sont pas satisfaisantes, le soutien à l'adhésion risque de baisser, mettant en danger le résultat du référendum sur l'intégration de l'année prochaine. Déjà une baisse du soutien dans les sondages avait été enregistrée après la publication par Bruxelles de ses premières propositions agricoles au début de l'année. Selon Janis Rozental, président d'une association de petites et moyennes exploitations dans l'ouest de la Lettonie, les négociateurs lettons sont beaucoup trop préoccupés par les intérêts de grandes exploitations, oubliant quelque 170.000 agriculteurs qui ont de petites et moyennes fermes et qui luttent pour leur survie. L'UE a déjà accordé 22 millions d'euros d'aide à l'agriculture avant l'adhésion de la Lettonie à l'Union. |