Ce débat public a été proposé par la présidence danoise de l'Union sur un thème auquel sont particulièrement sensibles plusieurs pays du nord de l'Europe, qui font valoir non seulement des raisons éthiques, mais aussi des mesures de protection contre les épizooties. Dans un memorandum remis aux ministres, la présidence danoise a invité les Quinze à réfléchir sur l'opportunité d'instaurer une "durée maximale" de transport, en particulier pour les animaux d'abattage. Le secrétaire d'Etat allemand à l'Agriculture, Matthias Berninger, qui s'exprimait en l'absence de la ministre de l'Agriculture, Renate Künast, retenue dans son pays à la suite des élections, s'est déclaré favorable à la proposition avancée par le Parlement européen qui propose de limiter à 8 heures ou 500 kilomètres par jour les transports des animaux. Le ministre néerlandais de l'Agriculture, Cees Veerman, a également estimé que les Quinze devaient tendre à cette durée maximale de huit heures. Plusieurs autres ministres ont cependant exprimé leurs réticences. "Le débat éthique sur le bien-être des animaux peut avoir des répercussions évidentes à caractère économique", a estimé le ministre espagnol, Miguel Arias Canete. Le ministre français de l'Agriculture, Hervé Gaymard, a lancé une mise en garde similaire: "en adoptant des mesures qui nous interdiraient certains marchés, nous ferions finalement en sorte que les pays demandeurs s'approvisionnent auprès des fournisseurs encore plus lointains qui ne sont soumis à aucune exigence particulière en matière de bien-être animal". Le commissaire européen à l'Agriculture, Franz Fischler, a admis qu'il y avait des "problèmes" dans les conditions d'acheminement et d'abattage des animaux vers certains pays tiers à l'Union européenne. Le ministre autrichien Wilhelm Molterer, appuyé par la Suède, s'est déclaré favorable à la suppression des aides à l'exportation dans de tels cas. Mais M. Fischler a également souligné que des conditions trop strictes pourraient se retourner contre les exportateurs européens, à la faveur d'autres pays. A l'appui, il a montré la photographie d'un nouveau navire australien capable, a-t-il expliqué, de transporter à lui tout seul jusqu'à 25.000 bovins vers l'Afrique. Les ministres européens devaient discuter dans l'après-midi de certains aspects de la réforme de la politique agricole commune (PAC) proposée par la Commission, avant de se concentrer mardi sur la réforme de la politique commune de la pêche. |