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Elargissement européen Les agriculteurs français soupèsent les risques d'une Europe à 25

PARIS, 10 oct (AFP) - Si les agriculteurs français accueillent favorablement l'élargissement de l'Union européenne, ils mettent en garde contre les risques d'une Europe à 25, qui peut se traduire selon eux par la disparition de la moitié des paysans des pays candidats.

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La Commission européenne a donné mercredi son feu vert à l'entrée de 10 nouveaux pays dans l'UE, qui devrait compter 25 membres en 2004 et 75 millions d'habitants supplémentaires, accroissant d'autant le marché de l'agriculture française, première de l'Union.

Secteur clé de l'économie des PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale), l'agriculture représente en moyenne 6,8% de leur PIB (chiffres de 1999) contre 1,6% pour l'actuelle Europe des Quinze, et environ 20% de la population active contre 5% en moyenne dans l'UE. L'agriculture se caractérise dans plusieurs de ces pays par la prédominance de petites exploitations familiales, souvent mal équipées et qui n'investissent pas.

"Sur 9 millions de paysans, la moitié risque de disparaître en raison des coûts que représentent pour eux les normes communautaires qu'ils vont être obligés d'intégrer", avertit François Vanier, un des vice-présidents des Jeunes Agriculteurs. "En deux ou trois ans, on leur demande d'évoluer comme nous l'avons fait en 40 ans", ajoute-t-il.

M. Vanier évoque un risque de déstabilisation de certaines productions, céréales, volailles ou porcs, en raison du faible coût de la main d'oeuvre dans les pays candidats.

A la Confédération paysanne, on redoute que le système d'aides directes progressives préconisé par la Commission européenne ne privilégie les grandes exploitations.

Et de citer l'exemple de la Pologne, où survit une majorité de petites fermes à faible rentabilité. "Cette agriculture est une réalité, même si elle n'est pas porteuse d'avenir", dit Christian Boisgontier, un des porte-parole du syndicat, qui craint "des déplacements de population".

Pour éviter des drames sociaux, les Jeunes Agriculteurs réclament l'instauration de prix agricoles correspondant aux coûts de production, les sommes dégagées par une suppression des aides directes pouvant ainsi être consacrées à financer des retraites, pré-retraites et reconversion pour les paysans en difficulté.

Le président de l'Assemblée permmanente des chambres d'agriculture (APCA), Luc Guyau met d'ailleurs en garde contre "une remise en cause des politiques agricoles permettant de réguler les marchés".

"Il faut que ces différents pays acceptent les acquis communautaires également en matière de sécurité sanitaire vis-à-vis de leurs autres partenaires européens, mais aussi, après leur intégration, vis-à-vis des pays tiers" aux portes de la nouvelle Europe élargie, ajoute M. Guyau.

Globalement, si les professionnels reconnaissent les efforts importants réalisés par les PECO dans le domaine de la sécurité sanitaire, ils jugent que des problèmes demeurent: la mise aux normes de certains établissements de production d'origine animale, la surveillance des encéphalopathies spongiformes subaiguës transmissibles (ESSB, comme la maladie de la vache folle ou la tremblante du mouton), et plus généralement l'identification des animaux et la traçabilité.

Les agriculteurs comme le gouvernement français sont hostiles à toute réforme de la politique agricole commune avant 2006, alors que plusieurs pays membres de l'UE font valoir que les subventions agricoles risquent d'exploser après l'adhésion de dix nouveaux pays membres en 2004.


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