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Europe La sécurité alimentaire chez les candidats à l'UE, une question délicate

PARIS, 23 oct (AFP) - Vache folle, listeria ou dioxine ont laissé de mauvais souvenirs aux consommateurs, et la question de la sécurité alimentaire, évoquée au Salon international de l'alimentation (SIAL), est au coeur des préoccupations avec l'entrée de nouveaux pays dans l'Union européenne.

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"Ces pays doivent répondre aux critères de sécurité imposés dans le reste de l'Europe, comme ils en ont pris l'engagement. Aujourd'hui, ils ne sont pas prêts, mais nous considérons qu'ils le seront début 2004", a estimé Paola Testori Coggi, directrice pour la sécurité alimentaire à la Commission européenne, lors d'une conférence de presse.

Selon elle, deux points posent particulièrement problème : celui du contrôle des importations venant de pays extérieurs à l'Europe élargie, et celui de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), la maladie de la vache folle.

Il existe actuellement 285 postes d'inspection transfrontaliers pour contrôler les animaux vivants et les produits entrant dans l'UE, dont 36 situés entre les frontières communautaires actuelles et les pays candidats. Ces derniers ont proposé la création de 70 nouveaux postes lorsque l'élargissement sera effectif.

Autre interrogation : les mesures contre la maladie de la vache folle. "Comme dans les pays de l'UE, où la politique d'éradication de l'ESB a coûté très cher, il faut des garanties de la part des nations candidates", a insisté Mme Testori Coggi, énumérant trois conditions essentielles : l'interdiction des farines animales, l'élimination des matériaux à risques spécifiés (MRS, moëlle épinière, cervelle, etc.), et les tests à l'abattoir pour les bovins entrant dans la chaîne alimentaire.

"Il y a des disparités entre les dix pays candidats, certains sont très avancés, d'autres qui le sont moins ont demandé des périodes de transition pour se mettre aux normes", a-t-elle ajouté.

Face à cette situation, la Commission européenne veut se doter d'un garde-fou : une clause de sauvegarde qui sera mentionnée dans les traités d'adhésion. En cas de défaillance, le mauvais élève ne pourra pas exporter ses produits sur le marché communautaire.

Mais les professionnels évoquent d'autres motifs d'inquiétude, comme la mise aux normes des abattoirs, la capacité des autorités compétentes à remplir leur mission de contrôle, ou encore l'évaluation des pesticides utilisés dans les pays candidats.

Sur le terrain, la réalité est complexe. Présents au SIAL, des industriels polonais du lait sont venus pour rencontrer leurs clients d'Asie, du Proche-Orient et d'Amérique Latine.

"Nous exportons partout sauf vers l'UE", a expliqué à l'AFP le dirigeant de Geo-Poland, une société de lait en poudre.

"L'élargissement va nous compliquer la vie : il n'est pas nécessaire que les producteurs de lait polonais soient aux normes de Bruxelles pour vendre dans les pays tiers, moins exigeants en matière de sécurité sanitaire", dit-il. Pour lui, sur 400 producteurs de lait, seuls une trentaine remplissent actuellement les critères communautaires.

Une fois l'élargissement effectif, reste à savoir si la Commission européenne autorisera ses nouveaux Etats-membres à exporter vers des pays tiers des produits interdits sur le marché européen.


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