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Elargissement L'agriculture biologique peut être une chance pour l'Europe de l'Est

PRAGUE, 25 oct (AFP) - Inconnue sous le communisme, l'agriculture biologique peut être une chance pour les pays d'Europe de l'Est, qui utilisent déjà globalement moins de pesticides et d'engrais que l'UE, à condition de moderniser la commercialisation et de garantir une qualité continue.

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Quelques uns des pays qui veulent entrer dans l'Union européenne en 2004 ont déjà compris quel parti ils pouvaient tirer d'un marché en pleine explosion dans une Europe de l'Ouest avide de produits sains et naturels. La Hongrie, la Pologne ou la République tchèque ont mis en place des programmes de subventions spécifiques qui ont accéléré le mouvement.

Avec déjà plus de 4% de ses terres cultivables en exploitation biologique contrôlée, la République tchèque est proportionnellement plus avancée que l'Allemagne, dont le gouvernement mène pourtant une politique volontariste dans ce domaine.

Et avec 60.000 hectares en culture biologique, la petite Slovaquie dépasse des pays comme l'Irlande, la Belgique ou les Pays-Bas, selon des chiffres de l'Institut de recherche sur l'agriculture biologique (FiBL), basé à Frick en Suisse.

Si elle est marginale, cette production est rentable car elle est en grande partie vendue sur les marchés ouest-européens, l'Allemagne, la Suisse ou l'Autriche principalement. La Hongrie par exemple exporte 95% de sa production biologique, pour l'essentiel du blé, du maïs, des abricots et du miel.

Pour vendre sans difficulté dans l'Union européenne, les produits doivent être certifiés. Seuls deux pays candidats à l'UE, la République tchèque et la Hongrie, figurent sur une liste de seulement six pays tiers dont les produits biologiques sont acceptés sans problème dans l'UE. Ces deux pays ont dû mettre en place des systèmes de contrôle draconiens équivalents à ceux édictés par l'UE en 1991.

Principal pays agricole parmi les candidats, la Pologne a sur le papier le le potentiel pour devenir un géant du biologique en Europe.

Après l'écroulement du communisme et l'arrivée d'une économie de marché, l'utilisation des pesticides et des engrais y a fortement chuté, les paysans n'ayant pas assez d'argent pour les payer. Si leur emploi a remonté à la fin des années 90, il est toujours inférieur à la moyenne ouest-européenne.

La main d'oeuvre y est abondante --un des ingrédients nécessaires de l'agriculture biologique-- et son coût est très bas. Quelque 5,5 millions de Polonais vivent encore uniquement de la terre, soit 15% de la population.

"Pour eux, c'est plus facile de faire la conversion que, par exemple, pour des Hollandais qui évoluent dans un environnement contaminé", explique Cristina Rueda, responsable de l'agriculture biologique au COPA-COGEPA, une organisation qui fédère les principales organisations agricoles européennes.

De fait, nombre de paysans traditionnels en Europe de l'Est cultivent des produits qui pourraient être estampillés "bio" sur les marchés ouest-européens mais sont vendus localement à bas prix.

Mais, souvent peu éduqués, ils ne sont pas informés des débouchés possibles. Et s'ils le sont, ils devront s'adapter aux exigences des distributeurs qui réclament une garantie de qualité et un approvisionnement constant. "La certification coûte une fortune", admet Jan Haluska, responsable des produits biologiques au ministère slovaque de l'agriculture.

L'agriculture biologique demande également beaucoup de rigueur. "Surtout dans la filière animale, il faut un très grand professionnalisme", souligne Cristina Rueda. Des pays comme la Pologne ne pourront donc pas faire l'économie d'une modernisation de leur agriculture.

Selon plusieurs consultants est-européens, l'adaptation aux méthodes biologiques sera facilitée par l'émergence d'un marché local. Pour le moment, en Europe de l'Est, où les salaires moyens tournent souvent autour de 500 euros, les consommateurs s'intéressent avant tout au prix des aliments.

Mais les grands distributeurs occidentaux font le pari que ce marché va croître rapidement. Ainsi Carrefour ou Ahold en République tchèque proposent déjà avec succès viande de boeuf, farine et légumes bio.


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