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Luberon Les coopératives viticoles font la révolution de la qualité

Les coopératives viticoles du Luberon (Vaucluse), lassées d'être accusées de "faire du volume", ont mis en place un système de rémunération des vignerons révolutionnaire, basé non plus sur la quantité mais sur la qualité.

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"C'est vrai, on avait une image productiviste" : Johan Mathieu est responsable du service technique à la Cave des vins de Sylla, une coop d'Apt qui produit 12 millions de bouteilles par an. "C'était une question de survie. Pérenniser les coops passait par l'amélioration de la qualité", explique-t-il.

Il y a peu, le vigneron apportait son raisin à la coop, était payé et repartait sans plus se soucier de la qualité du vin. Pourquoi l'aurait-il fait? Il avait déjà perçu son salaire. Sylla a donc mis en place une rémunération "différenciée" : le vigneron est payé en fonction de la qualité de son raisin.

Il choisit le niveau visé (parmi trois AOC et deux vins de pays), optant ainsi pour un cahier des charges qui lui impose un rendement, un cépage, une hauteur de feuillage, etc. A chaque sélection, correspond un tarif que la coop paiera. Mais si, à l'issue des vendanges, le raisin ne correspond pas à la qualité visée, la production est "déclassée" et le prix peut être divisé jusqu'à deux.

"Il y a des grincements de dents mais généralement, ils reconnaissent notre argumentation", selon M. Mathieu. La politique, mise en place à partir de 1991, a "porté ses fruits" : la production a diminué de 30% sur les cinq dernières années mais les produits ont été "tirés vers le haut", assure M. Mathieu.

"On a prouvé qu'on était capable de faire du bon vin", se félicite Philippe Rieffel, directeur de l'Union des vignerons des Côtes du Luberon (UVCL), qui réunit 13 coopératives (650.000 hl) à La Tour d'Aigues (Vaucluse).

Le directeur en veut pour preuve le "Grand Luberon" qui sommeille dans les 500 barriques dignes d'un prestigieux château que possède l'UVCL. Pour cette cuvée "haut de gamme", le vigneron est payé "40% de plus que le prix moyen".

Suite à une demande de clients amateurs de vin boisé (essentiellement des anglo-saxons), "on a sélectionné des vignerons capables de faire le meilleur raisin pour passer en barrique neuve", se souvient Cécile Granier, responsable du service technique de l'UVCL. Aujourd'hui, le Grand Luberon est exporté à 60%.

"Avant, on faisait un vin qu'on aimait et on l'imposait. Maintenant, on s'adapte aux clients", lance Robert Barthélémy, directeur de la cave de Lourmarin-Cadenet (Vaucluse), qui a adopté la "rémunération différenciée" cette année.

"C'est passé aux forceps", avoue-t-il. "Allez dire à un vigneron qui vient d'acheter une machine à vendanger qu'il faut qu'il ramasse à la main". Mais le système a déjà apporté ses lauriers à la coop : son vin haut de gamme "Domaine de la bastide de Rhodarès" est entré dans le prestigieux guide Parker des vins.

"On n'a plus à avoir honte d'être une coopérative", se félicite Johan Mathieu.


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