La récolte pourrait être de deux à trois inférieure à celle de 2002. "A coup sûr ce sera une vendange réduite, l'une des plus petites depuis longtemps. La dernière qui ait été atteinte à ce point par le gel remonte à 1985", a expliqué à l'AFP le directeur de la communication du CIVC, Daniel Lorson.
Les plants ont été touchés par cinq nuits consécutives de gel du 6 au 11 avril, au départ très sèches, et qui se sont achevées sur un épisode neigeux. Sur cette période, le thermomètre est descendu jusqu'à -11°C dans certains villages. Les dégâts les plus importants sont visibles sur le chardonnay, dans la région de la Côte des blancs, le Sézannais et le Perthois. Ils sont plus restreints sur le pinot noir, et surtout sur le pinot meunier. Les contre-bourgeons qui suppléent les bourgeons détruits donnent traditionnellement des grappes plus petites et moins abondantes. Ils donnent aussi des raisins de moindre qualité. Seule la vallée de la Marne, habituée aux brumes et aux basses températures, est largement équipée pour combattre le gel, soit par de petits brûlots, soit par l'aspersion préventive d'eau avant la chute des températures dans la nuit. "C'est au moment de la floraison en juillet que l'on pourra compter les grappes et estimer la récolte. A ce moment-là, on verra nettement quelles vignes ont été complètement gelées et ne verdissent pas", a déclaré M. Lorson. "Désormais il fait chaud et les bourgeons sont en pleine croissance, mais fragiles. Il ne faudrait pas que d'ici à juin nous ayons de nouveau du froid", a-t-il ajouté. Un revirement des températures en mai ou juin pourrait notamment faire tomber les grappes. Les récoltes des précédentes années ont été particulièrement fructueuses en Champagne, aboutissant à un volume record d'expéditions de près de 288 millions de bouteilles en 2002. Elles ont permis d'établir un "stock-tampon", d'après Philippe Chartogne, vigneron à Merfy (Marne). "Heureusement, la Champagne a une demi-récolte d'avance. Ce sont des vins de réserve qui sont en cuve, qui n'ont pas encore l'appellation, et qui devraient modérer l'inflation des cours", a précisé à l'AFP M. Chartogne. "Au niveau du gel, c'est une année exceptionnellement catastrophique. Mais nous sommes rassurés par la présence de ces réserves", a-t-il conclu. |