Champagne, Val de Loire, Bourgogne, Beaujolais, Alsace, Rhône-Alpes… Au cours des nuits du 7 au 11 avril, le gel s'est abattu sur ces régions frappant plusieurs centaines d'hectares de vignobles.
Les vignes n'ont d'ailleurs pas été les seules à être touchées. Céréales, vergers et maraîchages ont également subi cette chute brutale du mercure.
Dans le champenois, les températures négatives, qui sont parfois descendues jusqu'à 11°C en dessous de zéro, ont causé des dégâts sur l‘ensemble de l'appellation où le taux de destruction pourrait s'avérer de 50 % selon les premières estimations.
Sur les rives de l'axe ligérien, en Anjou et en Touraine, on signale des parcelles ayant gelé jusqu'à 80 %. La situation varie cependant énormément selon les secteurs, certains ayant été totalement épargnés, d'autres étant touchés à 25 %. En Bourgogne, un certain nombre de parcelles ont gelé après la chute des températures, tombées jusqu'à -5°C dans le nuit du 7 au 8 avril. Plus au sud, dans le Beaujolais, le gel a également frappé, surtout dans la nuit du 8 au 9 avril.
"30 % des surfaces sont touchées. Certaines vignes ont gelé jusqu'à mi-côte ! Heureusement, depuis 1986, nous avons une assurance gel qui couvre 3 000 hectares", explique Louis Pelletier, le directeur de l'Union viticole du Beaujolais.
"Par rapport à 1991, la surface touchée est plus importante. Mais c'est aussi plus tôt dans la saison. Maintenant, il faut donc attendre une quinzaine de jours et la sortie des contre bourgeons pour mesurer l'ampleur du phénomène."
Un éventuel deuxième bourgeon qui provoque parfois une certaine hétérogénéité dans la maturation des vignes.
Parcelles et cépages précoces De l'avis général, il est effectivement encore trop tôt pour mesurer les conséquences de cette chute des températures. Il faut notamment souligner que le développement encore limité des bourgeons a, dans un certain nombre de cas, permis de limiter les dégâts.
Il n'en est en revanche pas de même sur les secteurs les plus précoces qui ont été les plus sévèrement atteints. La situation est semblable sur les parcelles plantées en cépages précoces (chardonnay, gamay…). Ceux-ci avaient en effet parfois déjà débourré.
En Champagne, on pourrait ainsi enregistrer des pertes de l'ordre de 80 % sur le cépage chardonnay.
Néfaste combinaison Parfois, c'est la protection antigel elle-même qui a causé de dégâts irrémédiables. C'est le cas pour plusieurs vignerons champenois et ligériens qui utilisaient une protection antigel par aspersion. Si le système lui-même n'est pas en cause -cette protection est pratiquée et approuvée depuis plus de 50 ans-, sa mauvaise utilisation dans des conditions climatiques spécifiques a été responsable de la destruction des bourgeons.
L'irrigation a en effet été déclenchée trop tard compte tenu des conditions climatiques (temps sec et températures basses). "Beaucoup de gens ont déclenché à - 1° C avec un taux d'hygrométrie de 60 %, ce qui correspond à une température de -5° à -6° C" indique François Langellier, du Comité interprofessionnel des vins de champagne. Pour ce spécialiste, en tenant compte du faible taux d'humidité de l'air, c'est à +3° C qu'il aurait fallu enclencher l'irrigation.
A l'Union interprofessionnelle des vins du Beaujolais, on rappelle que "le gel diminuera sans aucun doute la récolte, ce qui permet malgré tout de maîtriser les rendements." Seule certitude, la vigne a certainement moins souffert que les vergers qui ont dans certains cas été entièrement dévastés.
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