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Vins Marché - De bons résultats pour l'Espagne

Pour aider le secteur viti-vinicole espagnol, confronté -comme en France- à la baisse de la consommation et aux assauts des vins du Nouveau Monde à l'export, le gouvernement a adopté une loi sur le vin. En entendant les effets de cette loi, l'Espagne a progressé outre-atlantique et a connu un bilan meilleur que celui qui était attendu.

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"Aujourd'hui, il faut compter avec les vins espagnols. Ils sont presque aussi tendance que les vins australiens". Pour ce commercial français d'une société d'importation de vins aux Etats-Unis, le "danger" pour les vins français ne vient plus seulement des nouveaux pays producteurs (Australie, Nouvelle-Zélande, Chili…), il vient dorénavant aussi de l'Espagne, le troisième producteur et exportateur mondial.

La tendance est comparable au Canada où la demande de vin espagnol est en augmentation. Même constat au Québec, un pré carré des vins français, où la Société des alcools du Québec (SAQ) a dû étoffer son offre en vins espagnols, alors qu'elle réduisait dans le même temps le nombre total de ses références.

Au final, d'après la Fédération espagnole du vin (FEV), l'Espagne a vu ses expéditions vers les Etats-Unis et le Canada progresser de plus de 20 % en volume.

2002 ne s'annonçait pourtant pas sous les meilleurs auspices. Comme dans le reste de l'Europe, l'année avait notamment été marquée par un été difficile. Mais malgré les craintes exprimées en début de vendange, la récolte a été notablement en hausse à 38,5 millions d'hl (+ 13 %), tranchant avec la baisse de 3 % enregistrée au niveau européen (-6 % pour la France et -19 % pour l'Italie).

Ces résultats rassurent quelque peu la filière viti-vinicole ibérique. En 2002, le volume de vin exporté s'est maintenu en volume avec 11,35 millions d'hl (+0,23 %) par rapport à 2001, et en valeur, les exportations ont très légèrement augmenté de 0,59 % réalisant un chiffre d'affaires de 1,484 milliard €. Un bilan meilleur que celui qui était attendu par la FEV.

Les prix se sont en outre apprécié en moyenne de 0,89 %, et les catégories de vins à avoir progressé à l'export, aussi bien en volume qu'en valeur, sont les vins d'appellation d'origine, mieux valorisés, qui progressent respectivement de 2,2 % (245 millions de litres) et de 5 % (696 millions €), et les vins de cava (méthode traditionnelle) qui augmentent de 9,3 % et de 3 %. Pendant ce temps, les ventes de vins de table en vrac dégringolaient.

Un marché sur lequel le ministre espagnol de l'Agriculture Miguel Arias Canete avait clairement indiqué en novembre 2002 que l'Espagne devait cesser d'être un pays exportateur pour se concentrer sur les vins de qualité.

C'est d'ailleurs dans cet esprit qu'a été adoptée fin 2002 une loi sur le vin. Elle prend en compte la forte décroissance de la consommation sur le marché intérieur et le vieillissement de la population des consommateurs réguliers.

Une réalité que l'on retrouve dans tous les pays ayant une tradition viticole : France, Italie ou Espagne. "Pour nous développer, il faut prendre en compte que le consommateur passe du vin de table au vin de qualité. Il boit moins, mais de meilleure qualité, et il paie plus", a fait remarquer Miguel Arias Canete.

Fort de ce constat, le gouvernement espagnol a adopté une loi donnant, selon lui, les moyens au secteur viti-vinicole de mieux répondre aux attentes des consommateurs et de pouvoir s'adapter aux nouvelles conditions du marché.

Le ministre n'a d'ailleurs pas caché avoir "pensé aux marchés mondiaux et cherché à développer les capacités d'exportation de nos producteurs", a-t-il indiqué. "Nos véritables concurrents sont le Chili, l'Argentine, l'Australie ou la Nouvelle zélande, a-t-il souligné, rajoutant que pour lutter il faut que nous disposions des mêmes armes, c'est-à-dire d'une législation souple, plus moderne et agressive".

Evidemment, il est encore trop tôt pour que les effets de cette réforme se fassent sentir, mais le gouvernement espagnol a démontré sa volonté de ne pas attendre un trop fort recul des parts de marché de ses vins pour réagir. La forte baisse des exportations enregistrée en 2002 sur les premiers marchés de l'Espagne, le Royaume-Uni (-17,26 %) et l'Allemagne (-19,46 %), montre effectivement qu'il ne faut pas trop tarder.

Une loi qui pourrait prévoir une nouvelle catégorie de vins. Pour mieux lutter contre les vins des nouveaux pays producteurs, c'est en tout cas ce que demande la FEV qui souhaite la création d'un "Vin de pays d'Espagne". Une proposition qui n'est pas sans rappeler celle émise dans le rapport "Cap 2010" par le groupe de travail dirigé par Jacques Berthomeau…

En attendant, l'Espagne, qui en 2000 ne prévoyait qu'une politique d'arrachage, poursuit aujourd'hui une politique de replantation importante. En parallèle, le gouvernement a demandé 500 millions € à l'Union européenne pour la reconversion du secteur viti-vinicole d'ici la fin 2005.



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