A Rancon, petit village dans le nord de la Haute-Vienne, le bois d'élagage provenant de l'entretien des haies, auparavant inexploité ou brûlé, est devenu pour une dizaine d'exploitants le combustible utilisé pour chauffer leur maison.
Planté devant la nouvelle déchiqueteuse à bois, acquise par sa coopérative d'utilisation du matériel agricole (CUMA), Pierre Hedde, un exploitant-céréalier, surveille la machine qui engloutit les branches d'un côté pour les recracher en fins copeaux de l'autre.
S'abaissant pour saisir une poignée du nouveau combustible, il explique: "les copeaux vont être brûlés dans une chaudière spéciale et alimenter tout le système de chauffage et d'eau chaude de ma maison".
Pour l'agriculteur, ce mode de chauffage, subventionné en partie par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), permet de répondre à une exigence économique mais aussi environnementale.
"Dans dix ans, on se chauffera en dessous du prix du fioul et on redonne aussi de la valeur aux haies", qui séparent les champs et bordent les chemins. Nous protégeons, surtout visuellement, l'environnement afin d'éviter que le Limousin ne se transforme en Beauce", affirme M. Hedde, plein d'enthousiasme.
Mais les débuts n'ont pas été faciles. "Le plus dur a été de trouver un noyau de dix agriculteurs" afin de rentabiliser les achats de l'équipement, précise Michel Senon, un éleveur de bovins qui s'est lancé dans l'aventure.
En Corrèze aussi, le développement durable commence à faire recette. A Egletons, la FDSEA et le SIRTOM (syndicat intercommunal de ramassage et de traitement des ordures ménagères) mettent sur pied une filière de recyclage des déchets plastiques des exploitations agricoles.
Même si les techniques de collecte des plastiques ne se sont pas avérées convaincantes pour le moment et que la participation financière des agriculteurs reste à discuter, le recyclage devrait débuter dans quelques mois.
Pour Tony Cornelissen, le président de la FDSEA, les agriculteurs n'ont d'autre choix que de "s'adapter" aux nouvelles exigences environnementales.
Et preuve que le développement durable fait son chemin, d'autres projets sont en chantier, notamment la création d'une plateforme de compostage de déchets verts près de Tulle.
"C'est une culture écologique qu'il nous faut inculquer aux agriculteurs" après des décennies de productivisme, insiste le représentant syndical.
Louis Suau, le président de la SIRTOM et maire-adjoint d'Egletons, mise plûtot sur "la contrainte", notamment règlementaire, pour faire avancer plus rapidement les choses.
Car certes, "vous voulez recycler, mais vous ne voulez pas payer!", lance en souriant M. Suau au président de la FDSEA. |