L'annonce de cette baisse de revenu, la troisième en quatre ans --et qui ramène le revenu des paysans français à son niveau de 1997--, intervient alors que les discussions sur la réforme de la PAC (politique agricole commune) doivent reprendre mardi à Luxembourg.
Cette baisse de revenu et la chute du nombre d'exploitants (-2,8% en 2002) apportent de l'eau au moulin des organisations agricoles qui interpellent le ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard afin qu'il résiste aux demandes de réformes provenant de Bruxelles.
Les différentes organisations syndicales doivent d'ailleurs être reçues lundi par le ministre, à la veille du redémarrage des négociations.
L'an dernier, le revenu agricole moyen a baissé de 3,7%, selon les chiffres publiés vendredi par l'INSEE et le ministère de l'agriculture. Le nombre d'exploitants a encore diminué de 20.000 d'une année sur l'autre et aujourd'hui on compte 660.000 exploitants agricoles en France.
Ce sont les producteurs de porcs et de volailles qui ont enregistré la plus forte chute de leur revenu: -40% en un an suite à une surproduction et une forte concurrence de l'étranger.
Dans le vin et les fruits, la concurrence également fait rage et a entraîné une chute de revenu de 7% pour les viticulteurs et les arboriculteurs.
En revanche la situation est plus favorable pour les céréaliers dont les revenus ont progressé de 5,7% grâce à de bonnes récoltes, permettant de compenser la baisse des prix.
Les éleveurs bovins, qui ont connu des années difficiles avec la crise de la vache folle, voient leur revenu progresser de 10,6% grâce au relèvement des cours.
Les agriculteurs français s'en tirent plutôt mieux par rapport à certains de leurs voisins européens: les danois sont les plus mal lotis avec une chute de revenu de 24%, suivis par les allemands (-20%), deux pays très affectés par la crise porcine.
La baisse de revenu a été de 10% environ en Irlande et aux Pays-Bas, de 5 à 10% en Belgique, Luxembourg et au Portugal.
Dans seulement trois pays européens (Finlande, Grèce et Royaume-Uni) le revenu par actif agricole a augmenté, de 4% à 7%.
Pour la FNSEA, le premier syndicat agricole français, la baisse du revenu des agriculteurs "plus grave que prévue" risque de s'accentuer si la réforme de la PAC prônée par Bruxelles, était adoptée, a-t-elle dit dans un communiqué.
Cette réforme prévoit notamment un découplage des aides entre la production et les subventions mais surtout une plus grande libéralisation des prix agricoles. Or c'est justement parce que les prix des produits agricoles ont baissé que les revenus des agriculteurs ont autant diminué, expliquent les statistiques officielles. Par ailleurs, les subventions fournies aux agriculteurs n'ont pas réussi à compenser cette baisse de prix.
"Si le marché est dérégulé et, compte tenu de la volatilité des prix agricoles sur le marché mondial, cela risque de faire encore plus mal aux agriculteurs" explique-t-on à la FNSEA où l'on estime que le seul moyen de sauver le revenu des paysans est de renforcer les règles de marché.
"Plus que jamais l'agriculture a besoin d'organisation de marché fortes", indique le syndicat. |