"Pour comprendre et apprécier un vin, il faut voir où il est né et pouvoir le goûter au milieu des terres et des vignes qui l'ont vu naître." Lors de la première "Journée de la sommellerie en Val de Loire" organisée début juin sur l'aire d'appellation Bourgueil (Indre-et-Loire), Jacques Puisais, le président de l'Institut français du goût et président d'honneur de l'Union internationale des œnologues, a rappelé l'importance de la relation entre un vin et son terroir.
Un thème d'autant plus important que "le terroir fait la spécificité de nos appellations par rapport aux vins de cépages et à la plupart des vins du monde" a-t-il renchéri, approuvé par Philippe Boucard, le président du syndicat qui présenta les principales caractéristiques des vins de Bourgueil, issus pour les uns de terres argilo-calcaires et pour les autres de graves.
Mais pour mieux comprendre ce que l'on nomme "l'effet terroir", InterLoire (l'interprofession d'Anjou-Saumur et Touraine) et les viticulteurs bourgueillois avaient fait appel à un spécialiste des sols, Dominique Boutin, géologue et pédologue à la Chambre d'agriculture d'Indre-et-Loire. Devant une soixante de sommeliers, dont 3 des 4 Meilleurs ouvriers de France en sommellerie, et une vingtaine de journalistes spécialisés dans le vin, ce dernier a apporté un éclairage sur l'influence du climat -océanique, en l'occurrence- sur la vigne, le rôle et l'importance du sol sur le développement de la vigne et le caractère du vin.
Grâce à des « fosses de pédologie », l'une creusée dans les graves de l'ancestral Clos de l'Abbaye et l'autre sur des pentes argilo-calcaires, les participants ont facilement pu prendre la mesure des différences existant entre les deux principaux types de sols de l'appellation. Dans chacune des deux parcelles, des dégustations du millésime 2002 ont été permis à chacun d'attester que la typicité des vins correspondait bien aux terroirs dont ils étaient originaires.
Les participants ont également pu suivre une démonstration effectuée par Jacques Puisais qui, échantillons de terre en main, a montré la relation entre le sol et la perception du vin en bouche.
Enfin, une verticale exceptionnelle remontant jusqu'en 1934, en passant par les millésimes 1959 et 1989 et la mythique trilogie 1949, 1948, 1947, a donné l'occasion de constater la capacité de vieillissement des Bourgueil. Une dégustation qui pourrait permettre à certains de réviser leur jugement sur les vins de Loire, trop souvent qualifiés de "petits vins de Loire" comme le rappela le vigneron Jean-Claude Audebert, Grand Maître de la confrérie de Bourgueil. "A nous de faire passer ce message" ont conclu les Meilleurs ouvriers de France, dont le Tourangeau Christian Péchoutre qui émis le vœu de voir les sommeliers et restaurateurs en finir cette habitude de servir systématiquement les vins ligériens dans un seau à glace.
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