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Société Le débat sur les OGM toujours aussi vif en France

PARIS, 23 juin (AFP) - Quatre ans après les premiers arrachages d'organismes génétiquement modifiés par José Bové et ses amis de la Confédération paysanne, le débat reste vif en France sur les cultures OGM, à quelques mois de la levée du moratoire européen.

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Les académies des Sciences et de Médecine ont jeté un pavé dans la mare en décembre, en déclarant que les OGM ne présentaient "aucun danger particulier" pour la santé et pouvaient donc être introduits dans l'agriculture.

Un an plus tôt, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (AFSSA) avait estimé que le risque d'allergies ne pouvait être écarté. Elle notait qu'on ignorait tout des effets à long terme sur la santé, et que les OGM n'offraient guère de bénéfice pour le consommateur.

Les OGM sont essentiellement cultivés pour leur facilité d'utilisation par l'agriculteur et l'amélioration des rendements. Plus de 90% sont conçus pour résister aux herbicides (l'agriculteur peut éradiquer les mauvaises herbes sans affecter la plante) ou pour produire leur propre insecticide.

Dans quelques cas, on recherche une qualité utile au consommateur: riz enrichi en vitamine, oignon qui ne fait pas pleurer, café décaféiné.

Le dernier Eurobaromètre réalisé auprès de 16.067 citoyens des Quinze révèle que les consommateurs sont prêts à accepter des OGM dans le domaine médical mais qu'ils y restent très majoritairement opposés dans l'alimentation, même si cela contribuait à réduire l'utilisation de pesticides.

Un chef français, Alain Passard, a annoncé qu'il ne "cuisinera pas d'OGM", n'en voyant pas l'intérêt alors que "le monde végétal naturel n'a pas livré le centième calorique, gustatif et jouissif qu'il peut nous offrir".

Sur le terrain, on ne cultive pratiquement pas d'OGM en France. La décision du Conseil européen en 1999 de bloquer toute nouvelle autorisation avant l'adoption d'une réglementation complète, et les arrachages "sauvages" ont refroidi les firmes de biotechnologies. Une quinzaine d'essais en plein champ ont été autorisés pour 2003 en plus de la trentaine d'essais pluriannuels en cours, contre plus de 600 en 1998.

La levée du moratoire est "inéluctable" d'ici quelques mois, lorsque seront adoptés les règlements européens sur la traçabilité et l'étiquetage, selon Christian Hosy de France Nature Environnement. "A ce stade, c'est notre comportement alimentaire qui va jouer: sommes-nous prêts à consommer des OGM?"

L'étiquetage des produits obtenus à partir d'OGM donnera en principe le choix au consommateur. Toutefois, les produits issus d'animaux élevés avec des OGM ne sont pas concernés. Or l'essentiel des OGM utilisés en Europe sert à nourrir les animaux (soja, maïs).

Pour les autres produits, la présence d'OGM sera signalée à partir de 0,9%. Un seuil "trop élevé, qui autorisera une contamination rampante des cultures traditionnelles et biologiques", dénonce Christian Hosy.

La coexistence entre cultures risque d'être difficile, si les OGM devaient gagner l'Europe comme les Etats-Unis, où ils représentent 75% du soja cultivé, 34% du maïs et 71% du coton.

La Commission doit publier des "lignes directrices" sur la coexistence. "Elle estime à ce stade que c'est au producteur de se protéger, c'est à dire que nous devrons payer pour ne pas être contaminés", s'insurge Vincent Perrot, porte-parole de la Fédération nationale de l'Agriculture biologique.


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