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Réforme de la PAC Mauvaise pour les paysans, bonne pour le commerce

PARIS, 27 juin (AFP) - La presse européenne était mitigée vendredi, au lendemain de l'adoption par les Quinze de la réforme de la politique agricole commune (PAC), dont la nécessité est admise par tous mais dont les conséquences sur le monde paysan sont redoutées par certains.

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"Révolution agricole" (Le Soir, Belgique), "Nouvelle ère" (ABC, Espagne), "Accord historique" (La Repubblica, Italie): l'ensemble de la presse met en avant, à l'instar du quotidien grec Ta Nea, "les changements radicaux dans la philosophie des aides communautaires aux agriculteurs" qui ne seront plus totalement liées au montant de leur production.

"C'en est enfin terminé des subventions accordées sans difficulté par Bruxelles, même aux agriculteurs qui polluent la nappe phréatique ou conservent des troupeaux dans des conditions déraisonnables", se félicite le quotidien berlinois Tagesspiegel.

"L'Union européenne est parvenue à une décision radicale de ne plus financer la surproduction d'aliments", renchérit le quotidien tchèque Dnes, qui note toutefois que "la rupture avec le passé n'est pas entière".

"Le système ne va pas devenir équitable aussi vite, souligne Der Tagespiegel. A l'avenir, ce sont encore les agriculteurs déjà les mieux lotis qui vont en profiter le plus. Mais c'est un début".

"La réforme de l'agriculture est seulement un petit pas", estime le quotidien danois Politiken (centre-gauche), qualifiant le nouveau système de "moins idiot" que le précédent. Mais, déplore le journal, "de grandes parties de l'aide à la production sont maintenues" et "ce seront toujours les paysans les plus grands et les plus riches qui continueront à recevoir le plus d'aide".

Même analyse pour la presse au Portugal, seul pays à avoir voté contre la réforme. "La PAC était et reste une politique qui ne favorise pas la cohésion, (...) ce sont toujours les mêmes, les grands pays, qui dictent les règles", écrit Publico.

Si l'on compare les bénéfices de cette réforme pour le Portugal "avec ceux des Français, des Belges, des Allemands ou même des Espagnols, on constate une fois de plus que la "spécificité" de notre agriculture, ce que dans un langage plus simple on peut qualifier de "retard", n'a pas été prise en compte", souligne le journal.
"Le destin" des petits agriculteurs "est tout tracé", pour Publico, "la loi du plus fort" entraînera leur "disparition".

Plusieurs journaux font d'ailleurs leurs titres sur le mécontentement du monde paysan.

"Réforme de la PAC, grogne des agriculteurs", écrit en "Une" le journal français Le Figaro, tandis Libération (gauche) évoque "Une PAC pas si joyeuse".
Les agriculteurs français "vont devoir travailler d'une autre manière (...) Un changement complet d'habitude pour les Français après quarante années de primes à la production, obligés de se mettre aux nouvelles normes", souligne Le Parisien.

La presse belge revient aussi largement sur le décalage entre les réactions des gouvernements et du monde agricole à l'accord survenu jeudi à Luxembourg.

"Rarement, on vit au sortir d'un Conseil âprement disputé une telle divergence de vues entre certains politiques, satisfaits du consensus obtenu, et l'inquiétude, voire la colère des agriculteurs", écrit La Libre Belgique.

A Madrid, El Mundo (libéral) estime que la réforme fera "baisser le nombre d'exploitations en Espagne" et que "le gouvernement ne peut pas ignorer le problème social qui nous attend".

Pour El Pais (gauche), "la réforme porte surtout préjudice aux pays de l'élargissement". "Le gâteau n'a guère changé mais maintenant il faut le partager entre 25. L'Europe s'élargit et s'amaigrit à la fois".

L'ensemble de la presse européenne en revanche se félicite, de ce que, comme l'écrit le quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung, "l'UE est désormais en meilleure position pour la réunion ministérielle de l'OMC de septembre prochain à Cancun (Mexique)".

Le journal italien Corriere della Sera espère que la Commission européenne pourra, avec cette réforme, négocier à l'OMC "quelques concessions pour la protection des produits typiques".

"L'administration Bush, dont le Farm Bill a opté pour une direction contraire, devra tenir compte" de l'accord signé au sein de l'UE, estime également le Daily Telegraph.


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