"Il est important pour nous de remettre le débat au centre de notre action : nous sommes contre les essais d'OGM et contre la levée du moratoire européen", a déclaré Jean-Emile Sanchez, secrétaire général de la Confédération, lors d'une conférence de presse. Le syndicat agricole a tenu à organiser ce point de presse le jour où l'on a appris que les services de la Chancellerie avaient rendu un avis technique négatif sur la demande de grâce de José Bové, qui ne lie cependant pas le chef de l'Etat auquel appartient la décision finale. "Il ne paraît pas innocent qu'un tel avis intervienne maintenant, alors que les Etats-Unis ont porté plainte devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) contre le moratoire européen sur les OGM et que la question de ce moratoire est en cours d'examen", a estimé Nicolas Duntze, porte-parole de la Confédération. Le Parlement européen a adopté mercredi des règles sur l'étiquetage et la traçabilité des OGM, ouvrant la voie à la levée au cours du second semestre du moratoire de l'UE sur les nouvelles autorisations de produits transgéniques. José Bové est actuellement incarcéré pour sa participation à la destruction de plants de riz transgénique. "La fonction de José Bové est d'être un porte-parole à l'international. Il n'est pas innocent qu'il soit incarcéré au moment où se préparent des négociations internationales importantes à Cancun" (Mexique), où aura lieu en septembre la prochaine réunion ministérielle de l'OMC, a poursuivi M. Duntze. L'avocat de José Bové, Me François Roux, a affirmé pour sa part que, sans grâce individuelle du chef de l'Etat, son client ne serait pas libéré avant Noël. "S'il n'y a pas de grâce individuelle, José Bové ne sortira pas en septembre comme a pu le dire Alain Juppé", selon Me Roux. "Je pense qu'il n'y a pour le président de la République que de bonnes raisons de faire grâce à José Bové", a-t-il ajouté. Le leader paysan avait notamment joué un rôle important de contestation lors de la réunion de l'OMC à Seattle (Etats-Unis) en 1999. Il était aussi présent à celle de Doha (Qatar) en 2001. "L'acceptation des OGM s'inscrit dans une logique de mise sous dépendance des paysans par les (entreprises) transnationales qui influencent beaucoup l'OMC", a ajouté M. Sanchez. "La réforme de la PAC signée la semaine dernière et destinée à faire entrer l'agriculture européenne dans le cadre de l'OMC annonce la fin des paysans. C'est une politique de restructuration, un plan social de l'agriculture", a estimé pour sa part Brigitte Allain, autre porte-parole. La Confédération organise les 8, 9 et 10 août dans le Larzac une manifestation intitulée "Contre l'OMC". |