L'alarme, au lendemain du salon Vinexpo de Bordeaux, a été tirée lors du conseil de direction de l'Onivins (Office National Interprofessionnel des Vins) de mercredi où de nombreux opérateurs ont fait état - conséquence indirecte de la guerre en Irak - de baisses de 20% à 30% des exportations de vins français aux Etats-Unis en avril et mai par rapport aux mois correspondants de 2002. La nouvelle - qui demande à être confirmée - fait suite à celle, de sources douanières, faisant état d'une chute des exportations - tous pays confondus - des vins de Bourgogne de 16% en volume et de 25% en valeur pendant le premier trimestre de cette année. Quelque 172 millions de bouteilles de Bourgogne ont été vendues l'an dernier, dont 91 à l'étranger, pour un chiffre d'affaires d'environ un milliard d'euros. La Sopexa (société pour l'expansion des ventes des produits agricoles et alimentaires) a été chargée d'une mission de réflexion pour une éventuelle campagne de promotion des "vins de France" aux Etats-Unis, a révélé jeudi André Barlier, directeur adjoint d'Onivins, en marge d'un point-presse. "Le vin français est en passe de devenir un vin de vieux. Les jeunes consommateurs, qui ne sont pas forcément des spécialistes en oenologie, veulent savoir ce qu'ils boivent", avait expliqué, lors du dernier Salon de l'Agriculture Gilles Dabezies, le directeur général de la Sopexa. Aussi le secteur du négoce pousse à la création - ce qui serait une révolution en France - de vins d'assemblage des principaux cépages - chardonnay, merlot, cabernet, syrah, sauvignon, pinot - provenant de différents régions. Ainsi, à l'imitation de nombreux pays du Nouveau Monde (Etats-Unis, Australie, Afrique du Sud et Chili), un chardonnay pourrait être assemblé avec des raisins venant du Languedoc et du Val de Loire. Par ailleurs, la France va être obligée, d'ici la fin de l'année, de transposer dans son droit le réglement communautaire qui permet désormais en Europe qu'une bouteille puisse ne contenir que 85% d'un cépage ou d'un millésime, le reste provenant d'un autre cépage ou d'un autre millémisme, sans que le consommateur en soit informé si les organismes qui les défendent n'arrivent pas à imposer ces mentions sur les étiquettes. Le débat n'est toutefois pas encore tranché entre le négoce, qui est plutôt pour baisser ce taux à 85%, et les producteurs qui voudraient qu'on reste à 100%. |