"En temps normal, nous éprouvons déjà des difficultés à recruter du personnel saisonnier", a expliqué à l'AFP Claude Cochonneau, vice-président de la FNSEA, et président de la Commission employeur du syndicat agricole. Outre, la difficulté de dénicher du personnel disponible rapidement pour quelques jours, quelques semaines ou quelques mois, se pose "la question toute simple des transports et du logement", au-delà de la pénibilité de ce type de travail, relève-t-il. La main d'oeuvre en agriculture est majoritairement saisonnière: sur les 1.200.000 personnes qui travaillent en production agricole, 900.000 occupent un emploi saisonnier, rappelle-t-il. Fin juillet, les ministres de l'Agriculture, Hervé Gaymard, et des Affaires Sociales, François Fillon, ont demandé aux préfets d'établir "des plans d'action concertés à l'échelon départemental pour le recrutement de la main-d'oeuvre saisonnière agricole" et de mettre en place "partout où cela est nécessaire, un guichet unique géré en partenariat avec les organismes paritaires agricoles et l'ANPE facilitant le rapprochement des employeurs et des demandeurs d'emploi". Cette année, avec les vendanges et les cueillettes précoces, s'ajoute une autre difficulté: les étudiants, constituant plus de 50% de la main d'oeuvre employée en cette saison, "ne sont pas forcément disposés à quitter leur lieu de vacances pour venir vendanger plus tôt", souligne-t-il. Quant à faire appel à la main d'oeuvre étrangère, cela n'est pas une mince affaire: "Tous les ans, nous faisons des démarches en ce sens. Nous demandons des autorisations aux préfets" qui rechignent, attendant d'être "sûrs que l'on ait épuisé toutes les possibilités d'embauches locales avant d'avoir recours au contrat OMI" (Office des migrations internationales). Souvent, quand le feu vert est obtenu, "il est trop tard", déplore le vice-président de la FNSEA qui plaide pour "un assouplissement des possibilités de recours à la main d'oeuvre immigrée". Petites annonces, sites internet... la profession s'organise. Les agences ANPE locales sont aussi mobilisées. L'ANPE de Saône-et-Loire met ainsi en place chaque année "une structure d'accueil qui, dès le mois de mai, contacte l'ensemble des viticulteurs du département pour recenser leurs besoins", raconte son directeur délégué, Richard Atwood. "Notre agence de Mâcon a récolté plus de 2.500 offres en 2003 contre 1.500 l'an dernier", se félicite-t-il. "L'opération est désormais bien huilée. Fin juillet, nous avons dû accélérer le processus de recrutement. Nous avons fait une campagne d'affichage dans les régions non viticoles (Nord de la France et Paris) et avons eu des partenariats avec des radios locales. Nous avons réussi à pallier 80% des problèmes de main d'oeuvre", se réjouit-il. Seul point noir, la moitié seulement des viticulteurs logent les vendangeurs, confie M. Atwood. Les réglementations relatives à l'hébergement des saisonniers obligent certains producteurs à construire des bâtiments en dur, entravant ainsi les embauches. "Les normes à respecter sont parfois supérieures à celles de certains hôtels. C'est utopique", ironise M. Cochonneau qui réclame un assouplissement. |