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Corrèze Olga cherche des truffes désespérement (Reportage)

NESPOULS (Corrèze), 3 sept (AFP) - "Olga cherche, allez cherche". Le labrador d'Adrien Barre, trufficulteur sur le causse corrézien, plaque son museau à terre, traque l'odeur de la tuber mélanosporum, en vain. Ici, comme dans tout le Sud-ouest, la récolte de novembre s'annonce maigre, les truffes sont rares en raison de la sécheresse.

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Adrien Barre, 74 ans, chapeau de paille enfoncé sur la tête et moue dubitative, gratte le sol avec son canif : "les années précédentes, on voyait les truffes à la surface, cette année on peut toujours les chercher".

Quelques mètres plus loin, à quatre pattes sous un chêne vert, Albert Verlhac, ancien chercheur à l'INRA spécialisé dans la truffe, hume la terre pour tenter de dénicher d'éventuels champignons. "Rien", lâche-t-il.

"Les truffettes (embryons de truffes de la taille d'une tête d'épingle), qui se forment fin mai début juin, sont mortes", explique-t-il. Car la période de sécheresse a été trop longue et la chaleur trop élevée.

Le spécialiste espère toutefois que les pluies "vont inciter la formation de truffes tardives".

Plus grave, selon lui, les mycorhizes - petits paquets de spores sur les racines des arbres truffiers qui génèrent le mycélium, indispensable à la formation de la truffe- risquent de disparaître et de compromettre la récolte des deux prochaines années.

"Si les mycorhizes sont détruits à cause de la sècheresse, des champignons compétiteurs vont prendre la place de la truffe. Et une fois la place prise, elle ne repousse plus", estime-t-il.

En Midi-Pyrénées, le diamant noir se fait également rare. "A la station trufficole de Montat (Lot), il n'y a pas eu de naissance de truffettes", indique Guy Dehler, président du syndicat des trufficulteurs de la région.\n En Aquitaine, la situation n'est pas meilleure. Michel Lassimouillas, technicien à la chambre d'agriculture de la Dordogne, estime qu'entre 60 et 80% des récoltes seront perdus en Dordogne, Lot-et-Garonne et Gironde.

La tuber melanosporum, plus connue sous le nom de truffe noire du Périgord, "peut résister à trois semaines sans eau. Au delà, ça pose problème", affirme-t-il. Or, cet été, de nombreuses zones n'ont pas vu la pluie pendant plus d'un mois.

"Dans certains endroits, on a trouvé des truffes de surface. Les récoltes ne sont pas complètement anéanties", tempère cependant le technicien, ajoutant que la tuber mélanosporum, "champignon mystérieux", reste encore énigmatique et qu'il est difficile de prédire exactement les pertes.

S'il est selon lui, peu probable que les prochaines saisons soient affectées, une chose est déjà sûre : "les prix vont flamber". Pour les fêtes de 2002, les prix de gros tournaient autour de 295 euros, avec une récolte de 35 tonnes. L'année précédente, avec seulement 15 tonnes récoltées, le kilo se négociait autour de 514 euros.

D'autres, comme Albert Verlhac, craignent une invasion de truffe chinoise, beaucoup moins chère et sans comparaison de goût. Seul un oeil aiguisé peut la distinguer de la truffe du Périgord, ce qui pourrait inciter certains à la fraude.


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