La culture du chanvre est autorisée en Europe, avec des contrôles stricts, à la condition d'utiliser des variétés textiles contenant moins de 0,3% de tétrahydrocannabinol (ou THC), le principe actif qui fait "planer" les amateurs de joints.
Il y a un siècle, les fibres du chanvre étaient utilisées pour les cordages de la marine à voile, d'où le nom de la célèbre Canebière à Marseille, du grec kannabis (chanvre), lieu où étaient séchées les fibres.
Mais en un siècle, on est passé de 160.000 hectares à 10.000, concentrés dans l'est de la France.
Face au déclin de cette production, destinée exclusivement à l'industrie papetière (papier de cigarette ou papier bible), et à la fin programmée des aides européennes, les producteurs cherchent des débouchés à plus haute valeur ajoutée, comme les huiles naturelles anti-cholestérol ou la laine de chanvre pour le bâtiment.
L'utilisation la plus originale concerne sans aucun doute la filière de la plasturgie.
La Chanvrière de l'Aube (LCDA) et Interval, les deux coopératives qui produisent la quasi-totalité du chanvre français et 60% de la production européenne, ont lancé en 2001 la société AFT (Agro Fibres Technologies) Plasturgie, avec l'aide de l'Anvar (Agence nationale de valorisation de la recherche).
Cette PME, installée à Fontaines-les-Dijon (est), fabrique un produit unique en son genre, des granulés ou "compounds", mélangeant plastique et fibres de chanvre. Cette matière première sert par exemple aux équipementiers automobiles pour fabriquer, par extrusion ou injection, les pièces intérieures des véhicules.
"La propriété mécanique est aussi importante que celle des fibres de verre, mais le grand avantage, c'est que c'est moins cher, moins lourd et plus écologique, car recyclable", explique le directeur d'AFT Plasturgie, Gérard Mougin, ancien responsable du pôle plasturgie d'Oyonnax (Ain) qui s'est associé avec les deux coopératives.
Depuis septembre 2002 et le dépôt d'un brevet protégeant le processus industriel, la société, qui emploie dix personnes, a attaqué trois marchés importants : le bâtiment, l'emballage et la manutention, l'automobile. AFT Plasturgie, qui espère un chiffre d'affaires de 7 millions d'euros, est aussi présent sur un secteur où la concurrence est plus active, celui des "non-tissés", utilisés pour protéger les jeunes plants d'arbres plantés près des autoroutes ou pour les tissus intérieurs des véhicules automobiles.
"C'est un marché qui existe depuis une dizaine d'années, mais l'objectif est de faire rentrer de l'argent avec ce métier existant", explique M. Mougin qui, pour cette ligne de produit, s'est associé à une entreprise belge, Elco, qui a pris 29% du capital d'AFT Plasturgie. |