Le projet de budget 2004 prévoit de quadrupler l'une des taxes sur le tabac, la taxe dite "BAPSA" (Budget annexe des prestations sociales agricoles).
Les industriels du tabac ont averti que pour conserver leurs marges ils devront alors augmenter les prix d'environ 20% (un euro par paquet) hausse qui se cumulera avec celle prévue le 20 octobre (18 à 20%) et celle de janvier dernier (+8 à +17%).
Le report de la hausse de janvier est "l'une des pistes" envisagées par le gouvernement, soumis à une forte pression des fabricants et des buralistes qui dénoncent une accumulation de hausses qui atteindrait plus de 50% en un an, a-t-on confirmé de source industrielle.
De son côté, le Journal du Dimanche, citant une source gouvernementale non précisée, écrit qu'au gouvernement on pourrait "faire quelque chose pour éviter une nouvelle augmentation en janvier" et qu'une réunion aura lieu lundi à Matignon pour trancher.
"Nous commençons à sentir une prise de conscience au gouvernement, qui se pose la question (d'un report) devant la mobilisation des buralistes", a expliqué M. Le Pape, qui participait dimanche au Salon des buralistes, Losange Expo. Déjà, les débitants avaient obtenu le report de plus d'un mois de la hausse qui interviendra le 20 octobre.
Le Journal du Dimanche précise que les cigarettiers, s'ils n'augmentaient pas leurs prix en janvier, verraient leur marge passer de 13% à 10%. L'hebdomadaire ajoute que les fabricants ont proposé au gouvernement d'augmenter d'eux-mêmes leurs prix de 6 à 8% l'été prochain, ce qui rapporterait autant à l'Etat que la hausse de la taxe Bapsa, et augmenterait du même montant les recettes des industriels ainsi que celles des buralistes.
La hausse répétée des taxes sur le tabac décidée depuis janvier dernier a cassé la concertation habituelle entre pouvoirs publics et fabricants, qui voyait les fabricants augmenter régulièrement leurs prix d'environ 5% par an, ce qui accroissait à la fois les recettes des cigarettiers, celles des buralistes et celles de l'Etat.
Mais à force d'augmentation de prix, les achats chez les buralistes diminuent et les recettes fiscales ne sont pas au rendez-vous: ainsi la hausse des taxes de début 2003 devait rapporter un milliard d'euros supplémentaire de recettes fiscales sur le tabac, mais n'en a finalement généré que 200 millions.
Les buralistes disent continuer à faire pression sur leurs députés, jugeant que le plan d'aide proposé jeudi par le gouvernement n'est pas suffisant devant l'accélération des hausses qui fait fuir leurs clients.
"Nous avons l'impression que le ministre de la Santé Jean-François Mattéi veut porter les cigarettes en France au niveau des prix anglais (plus de 7 euros le paquet) en moins d'un an", a commenté M. Le Pape. |