Champagne
Les salariés de Bricout-Delbeck occupent leur principal site de production
par AFPil y a 22 ans2 min de lecture
TOUR-SUR-MARNE (Marne), 12 novembre 2003 - Les salariés de la maison de champagne Bricout-Delbeck (ex-financière Martin), en cours de liquidation, se sont retranchés mercredi sur leur principal site de production ultra-moderne de Tour-sur-Marne, qu'ils entendent occuper sans interruption, a constaté l'AFP.
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Ils ont réitéré leur menace de détruire les stocks de la maison de champagne (6 000 hl de vins clairs non champagnisés et six millions de bouteilles) si la Cour d'Appel n'entérine pas jeudi le jugement du Tribunal de Commerce de Reims du 19 août dernier. Ce jugement prévoit un plan de reprise par les maisons Vranken-Pommery et Moët-et-Chandon qui permettrait le reclassement d'un total de 93 salariés, tandis que 36 autres devraient être reclassés dans le reste de la profession. Les appels en justice de l'ancien PDG, Pierre Martin et de la Financière Opson, candidate à la reprise écartée par le tribunal de commerce, ont paralysé toute activité dans l'ancien groupe, privant ses employés de travail. Lors d'une réunion sur le site occupé, les représentants syndicaux ont aussi stigmatisé le rôle que jouaient les banques (Rabobank, SNBV et Crédit Agricole) qui tentaient de renégocier les bouteilles qu'elles ont pris en garantie de prêts à Pierre Martin à des prix supérieurs à ceux déterminés par le tribunal de commerce. "Les banques ont accordé un soutien sans cause à Pierre Martin, alors même qu'il émettait trois millions d'euros de fausses factures. Nous n'admettrons pas qu'elles n'assument pas leurs responsabilités et prennent le personnel en otage pour tenter de limiter leurs pertes", a expliqué Bernard Beaulieu, secrétaire général de l'intersyndicat CGT des salariés du Champagne. "Le personnel est la victime d'un système champenois de spéculation sur le vin sur lattes (vin sans marque servant à "créer" des Champagnes d'appel notamment dans la grande distribution). Ces spéculateurs ont joué la dérégulation de la profession, l'inflation du prix du raisin (...) les personnels menacés sont les victimes, et non des brigands ou des irresponsables" a-t-il déclaré. "Que les décideurs prennent leurs responsabilités, les salariés iront au bout de leur logique de légitime défense et détruiront les stocks s'il le faut", a-t-il conclu. Les employés de Bricout ont reçu lors de leur manifestation les soutiens de l'Union départementale et de la fédération CGT de l'Agroalimentaire, dont le secrétaire général, Jean Luc Bindel, les a assurés du soutien entier de sa fédération "quelles que soient leurs formes de lutte".