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Buffalo Grill Condamnation pour diffamation requise contre deux employés

PARIS, 5 déc (AFP) - Le procureur a requis vendredi la condamnation de deux employés de Buffalo Grill pour "diffamation publique" envers la chaîne de restaurants, sans réclamer de peine et non sans souligner le "doute" suscité par les déclarations des différents témoins à l'issue de deux jours d'audience.

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"Il m'apparaît que les propos qu'ils ont prononcés sont constitutifs de diffamation", a estimé le procureur Anne de Fontette.

Noël Trocellier et Arnaud Beylie, un manutentionnaire et un boucher de Districoupe, la filiale de découpe de viande de Buffalo Grill, étaient poursuivis pour les propos qu'ils avaient tenus, le 14 janvier, sur les journaux de TF1 et France 2.

Sur ces chaînes, ils avaient déclaré que le groupe de restauration avait importé illégalement de la viande anglaise.\n Ces déclarations, ils les avaient faites légalement dans le secret du cabinet de la juge d'instruction en charge de l'enquête sur le nouveau variant humain de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, chargée également de tenter de déterminer si le groupe s'est rendu coupable de fraudes.

Sur la base notamment de leurs témoignages, la juge avait mis en examen quatre dirigeants du groupe, pour homicide involontaire (une mise en examen qui a été annulée par la Cour de cassation), et "mise en danger de la vie d'autrui".

Pendant les deux jours d'audience consacrés à cette affaire, où le monde "sans dentelle" de la boucherie est venu se raconter, un seul des bouchers appelés par la défense à témoigner pour étayer leurs propos a évoqué une estampille "UK" (United Kingdom, Royaume-Uni).

Les autres ont uniquement parlé de "déhanchés" où l'estampille indiquant l'origine faisait défaut. Un fait jugé "anormal", par presque tous, mais, comme l'a résumé l'un d'entre eux, Mario Izi: "On a été le dire au chef, on nous a dit que cela ne nous regardait pas".

Des témoignages qui pourraient mettre sur la piste d'une "fraude", selon le procureur, mais qui ne prouvent pas des importations de viande anglaise.

Les employés appelés à témoigner contre Noël Trocellier et Alain Beylie ont pour leur part évoqué la personnalité "instable" et problématique du premier, qui distillait selon eux "élucubrations" et "colportages". Ils ont aussi souligné l'absentéisme prononcé d'Alain Beylie.

Un ex-employé, Jacques Potdevin, a même affirmé qu'il avait vu Noël Trocellier enlever lui-même au "cutter", des estampilles.

Mais, au fur et à mesure que l'audience avançait, le malaise de ces témoins était palpable, au point que bien que n'"étant pas des intellectuels", ils en sont arrivés à "ne se souvenir de rien" et à se montrer "trop virulents" ou "trop craintifs", selon les termes du procureur.

Une impression renforcée par ce boucher qui a expliqué à la barre qu'un dirigeant de Buffalo Grill lui avait suggéré de faire une attestation en défense du groupe, ce qu'il avait nié quelques minutes auparavant.

Le manque éventuel de sincérité des témoins ne devait pas cependant occulter pour le procureur, le fait que MM. Trocellier et Beylie avaient tenu des propos diffamatoires, manquant de "bonne foi". "Je vous demanderais de rentrer en voie de condamnation à leur encontre", a-t-elle conclu.

"Vous avez été pendant deux jours face à une omerta", visant "deux personnes qui ont essayé de faire éclater un problème de santé", a plaidé Me Pascal Winter, l'avocat de la défense.

Me Winter a demandé au tribunal de "rendre leur dignité" à ses clients ou, à titre subsidiaire, de ne pas trancher tant que l'enquête principale sur cette affaire ne sera pas terminée. Le jugement a été mis en délibéré au 29 janvier.


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