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Bretagne La pollution par les nitrates commence enfin à diminuer

RENNES, 29 déc (AFP) - La qualité de l'eau en Bretagne, polluée par des rejets agricoles de nitrates qui valent à la France d'être régulièrement tancée par Bruxelles, commence enfin à s'améliorer avec la mise en oeuvre d'un troisième programme Bretagne Eau Pure (BEP).

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Le 3e BEP, couvrant la période 2000-2006, a donné lieu à des résultats "encourageants", selon un bilan à mi-chemin rendu public récemment. "Cette fois, nous avons de vrais résultats avec des perspectives claires", s'est même réjoui Ambroise Guellec, vice-président (UMP) de la région.

Ce programme concerne 44 bassins versants, soit 36% de la surface agricole utile et 30% du territoire breton. En février 2002, un rapport de la chambre régionale des comptes dressait un bilan sévère des 1er et 2e BEP (1990-1999), et des programmes de maîtrise des pollutions d'origine animale (PMPOA) constatant que les politiques de l'Etat dans ce domaine en Bretagne étaient "coûteuses" et "inefficaces".

Depuis bientôt trois décennies, l'eau bretonne est polluée par des excédents de nitrates engendrés par une pratique généralisée de l'épandage du lisier (déjections animales) et l'utilisation massive d'engrais minéraux.

En la matière, constate le dernier bilan, la concentration moyenne des nitrates est passée entre 1999 et 2002 de 44 mg/l à 35 mg/l tandis que la maximale est passée de 65 mg/l à 48 mg/l. Cette amélioration laisse la Bretagne encore loin des normes européennes.

Depuis 1990, la France a introduit dans sa législation un taux toléré de 25 mg/l avec un maximum de 50mg/l de nitrates dans l'eau pour évaluer sa potabilité. 13% des communes bretonnes distribuent une eau qui dépasse ce taux et des pics sont enregistrés par endroits à 61-65 mg/l. Un tiers des captages de Bretagne dépassent par ailleurs la norme de potabilité de 50 mg/l.

En juillet dernier, Bruxelles avait annoncé le renvoi de la France devant la Cour européenne de justice (CEJ) pour le non-respect des valeurs limites de nitrates en Bretagne.

La dépollution constatée aujourd'hui résulte de pratiques agricoles qui connaissent une "évolution positive", avec désormais 50% des exploitations intégrées au BEP contre 10% en 1996.

"Encouragés par le soutien technique et financier de BEP, les acteurs de terrain, agriculteurs et communes, sont de plus en plus nombreux à s'engager dans une démarche individuelle volontaire pour la reconquête de la qualité de l'eau", constate le bilan.

S'agissant de l'utilisation des pesticides, autre facteur polluant, les résultats "se sont améliorés au cours des dernières années concernant les molécules les plus fréquemment présentes", constate encore le bilan.

Il recommande cependant une "vigilance particulière" pour l'utilisation du glyphosate, que "l'on retrouve de plus en plus dans l'eau sous une forme dégradée".

Le 3e BEP est doté d'une enveloppe de 92 millions d'euros qui doivent être versés à 16.000 agriculteurs pour les aider à rendre leurs pratiques plus respectueuses de l'environnement.

BEP est un programme de reconquête de la qualité de l'eau qui concrétise un engagement mutuel de partenaires financiers institutionnels (Etat, conseil régional, conseils généraux) et européens. Il est relayé sur le terrain par les collectivités locales et les professionnels.


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