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Vins Chine : le marché du XXIème siècle ?

Pour de nombreux observateurs, le marché chinois devrait être "Le" marché du vin du XXIème siècle. La consommation y est en constante progression, à l'instar du pouvoir d'achat d'une partie de la population, et les droits de douanes sur les vins importés devraient diminuer en 2004. Une opportunité pour les vins étrangers dans un marché où les neuf plus grands groupes chinois de vin détiennent 80 %.

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La Chine. Plus d'un milliard d'habitants et une consommation de vin qui augmenterait de près de 14 % par an et par habitant dans les grandes villes du sud-est. Selon une étude de l'agence américaine DSMR réalisée dans huit grands villes représentatives, la croissance de la consommation de vin aurait même atteint près de 1 000 % au cours des 10 dernières années.

Dans ces villes, qui comptent souvent plusieurs millions d'âmes, ce sont aujourd'hui environ 30 % des habitants qui achètent au moins une fois par an du vin. D'où l'intérêt que suscite ce pays en terme de débouchés. D'autant plus qu'en 2004, les tarifs des vins importés devraient baisser grâce à une nouvelle diminution des droits de douane.

Car dans cet empire de 9 600 000 km2 -17,5 fois la France- la consommation est aujourd'hui inférieure à 0,27 litre par an et par habitant. Pour beaucoup d'observateurs, les perspectives offertes par le marché chinois en font donc logiquement "Le" marché du vin du XXIème siècle. D'autant plus que les jeunes, qui adoptent des modes de consommation plus proches de ceux des occidentaux ont tendance à boire plus facilement du vin que leurs aînés.

En outre, comme plus généralement en Asie, le vin bénéficie d'une image positive. Le vin rouge surtout, jusqu'à 20 fois plus vendu que le vin blanc, en raison des vertus pour la santé qui lui sont attribuées. Cela s'ajoute à la croissance économique continue que connaît la Chine depuis plus de 10 ans et à une forte progression du niveau de vie d'une partie de la population.

Aujourd'hui premier sur leur marché domestique, le vin produit localement ne devrait cependant pas pouvoir subvenir à la demande à venir. D'ici 2005, selon une étude conjointe de l'INRA et de l'ONIVINS, la surface du vignoble chinois devrait passer de 13 000 ha (en 1999) à 136 000 ha, principalement dans la péninsule de Shandong, au nord-est de la Chine, où se trouvent les principaux vignobles. Alors que les vins chinois tentent eux aussi de conquérir des adeptes en dehors de leurs frontières, cette surface apparaît insuffisante compte tenu de l'évolution actuelle de la consommation.

Annuellement, les exportations restent encore limitées et ne représentent pour le moment que 30 000 hl par an. Deuxième producteur chinois, le groupe Great Wall serait le premier exportateur devant la société Changyu, numéro un du pays avec 20 % du marché, qui réalise un chiffre d'affaires de près de 290 millions d'euros et dont les capacités de production sont estimées à 800 000 hl. Une société avec laquelle le Français Castel a conclu un partenariat afin de lancer une gamme de vins rouges chinois. A terme, un million de bouteilles de cette gamme devraient être produites, dont 10 % seraient exportées.

Souvent associés à des sociétés occidentales, les neuf grands groupes chinois qui, d'après l'agence China News dominent plus de 80 % du marché, n'hésitent plus à afficher leurs prétentions à l'étranger, notamment à destination des pays limitrophes, mais aussi de l'Amérique du Nord, du Royaume-Uni et du Bénélux.

Si les perspectives sont "énormes" et les opportunités à saisir, pénétrer ce marché n'en reste pas moins difficile. Et même si les droits de douane ont baissé suite à l'adhésion de la Chine à l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, ils étaient tout de même de 65 % en 2002, limitant la compétitivité des vins importés. Il faut en outre compter avec de nombreuses formalités administratives et douanières. Et comme dans bon nombre d'autres pays, les entreprises étrangères doivent obligatoirement faire appel à un agent pour importer et commercialiser du vin.

Sur place, les Missions économiques françaises n'hésitent cependant pas à encourager les producteurs hexagonaux à franchir le pas. Dans la province du Guangdong, au sud de la Chine, où sont vendus 20 % des vins importés, la Mission de Canton souligne la forte progression des importations qui ont doublé sur les seuls dix premiers mois de 2002. Les vins français qui profitent d'une très bonne image y ont réalisé 61 % de part de marché.

La France est d'ailleurs numéro un sur le marché des vins effervescents et celui des vins importés en bouteilles. Sur ce segment, elle détient près de la moitié du marché, devançant l'Australie, les Etats-Unis et l'Italie, alors que le Chili pointe dorénavant son nez après avoir enregistré une croissance des ventes des vins chiliens de 115 % en volume et de 62 % en valeur. Toutefois, même s'ils sont en progression constante, les vins en bouteilles ne représentent aujourd'hui que 8 % du marché des vins importés toujours dominé à 92 % par le vin expédié en vrac et embouteillé sur place.

Les ventes de vins embouteillés devraient cependant continuer à croître profitant du développement de la grande distribution bien représentée par les enseignes françaises, Carrefour en tête.


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