A Edmonton, capitale de cette province de l'ouest, le ministre de l'Agriculture du Canada, Lyle Vanclief, a annoncé mardi qu'un premier cas avait été détecté au Canada sur un animal d'un troupeau du nord albertain. Les Etats-Unis voisins ont aussitôt décrété un embargo sur le boeuf canadien. Maigre et malade, l'animal, âgé de huit ans, avait été abattu en janvier dernier mais il n'avait été testé que vendredi pour l'ESB, un premier résultat positif des laboratoires de Winnipeg étant confirmé mardi matin par un laboratoire britannique. "Il n'y avait aucune indication que cet animal avait l'ESB, c'est ce qui explique ce retard", a indiqué la ministre de l'Agriculture de l'Alberta, Shirley McClellan, estimant que la détection de ce cas sur un cheptel provincial frôlant les six millions de bêtes montrait la fiabilité du système mis en place. "Je tiens à souligner qu'il s'agit d'une seule vache", a insisté M. Vanclief tandis que sa collègue albertaine précisait que la "cause exacte" de ce cas "n'est pas connue". En 1993, déjà dans l'Alberta, il y avait eu un cas de vache folle, mais la bête était d'origine britannique.
L'animal cette fois-ci est indigène et, une fois les tests effectués, le troupeau auquel il appartient, à Fairview, sera éliminé. "L'important est que cet animal n'est pas entré dans la chaîne alimentaire", a souligné Shirley McClellan. "Le Canada a mis en place un système de traçabilité des bêtes parmi les meilleurs au monde. Si un animal est transféré d'un marché aux bestiaux ou de tout autre endroit de vente à une ferme en Alberta, il doit avoir son certificat d'identification", a-t-elle fait valoir. Dès l'apparition de la maladie en Europe, le Canada avait en effet multiplié les mesures anti-ESB : restriction d'importation d'animaux vivants ou d'embryons, suivi médical renforcé puis interdiction de protéines de mammifères pour nourir les ruminants. Cependant, les cervidés d'élevage étaient déjà atteints par une variante de l'ESB et, à plusieurs reprises déjà, des troupeaux de wapitis ou de cerfs, avaient dû être abattus. Les assurances canadiennes n'ont pas suffi aux Etats-Unis qui ont aussitôt annoncé avoir placé "le Canada sous le régime de restriction concernant l'ESB", ce qui signifie que ne sera accepté "aucun ruminant ni aucun produit issu de ruminant provenant du Canada pendant la poursuite des investigations" au Canada. "Nous sommes en train d'envoyer une équipe technique au Canada pour aider à l'enquête", a ajouté la secrétaire américaine à l'Agriculture Ann Veneman, assurant que "toutes les mesures appropriées sont en train d'être prises dans ce qui apparaît être un cas isolé". Même temporaire, cet embargo représente un coup dur pour le Canada et plus particulièrement l'Alberta dont l'élevage est la deuxième activité économique, après le pétrole, son cheptel représentant quelque 40% des vaches canadiennes. Et 90% des exportations de viandes bovines canadiennes partent vers les Etats-Unis, selon Statistique Canada. Les responsables américains "vont faire tous les efforts pour lever cet embargo aussi vite que possible. Ils comprennent et ont conscience qu'il y a plus de 500.000 bêtes canadiennes dans les troupeaux aux Etats-Unis aussi et que l'industrie du boeuf est très imbriquée entre le Canada et les Etats-Unis", a souligné le ministre Van Clief. |