Unique formation professionnelle agricole imposant une limite d'âge à 35 ans, les Jeunes Agriculteurs entendent ne pas mâcher leurs mots. "Les jeunes ont tout intérêt à penser l'agriculture dans 10-15 ans car c'est eux qui vont la vivre", explique Sylvain Marmier, exploitant laitier dans le Doubs.
"Quand on est jeune, on a une certaine naïveté, on va au front, cette naïveté, on la perd en vieillissant", poursuit Philippe Le Dressay, président des JA du Morbihan.
Dans le rapport moral 2003 adopté mardi, les formulations se veulent percutantes: "bousculer les idées reçues", "créateurs plutôt que gestionnaires", "conscients des nouveaux enjeux"... Les débats sont à l'avenant. Présentation du rapport d'activité en chansons, atmosphère d'AG étudiante dans la salle pour le vote de 160 amendements au rapport d'orientation, soirée dansante à l'issue de la journée... Détenteurs de l'épineux dossier des installations, dont le nombre décroît chaque année hypothéquant de fait l'avenir de l'agriculture en France, les JA mettent en avant leur jeunesse comme une force de proposition sur les grands enjeux futurs. "Etre un syndicat jeune, c'est imaginer le futur plutôt que de gérer le présent, ne pas avoir peur de poser sur la table nos utopies", affirme le rapport moral.
"On essaie de se placer comme une tête chercheuse dans tout ce qui peut faire évoluer le monde rural", fait valoir Jean-Michel Leroy, secrétaire général adjoint des JA, rejoint sur ce terrain par M. Le Dressay pour qui les JA sont comparables à un "aiguillon qui pique de temps en temps".
Conscients que le défi à venir reste que les paysans "vivent de leur production et non pas des aides gouvernementales et communautaires comme des fonctionnaires de l'agriculture", les JA ont pourtant choisi en 2003 d'orienter leur action sur la qualité de vie, l'attractivité d'un métier qui souffre d'une image dégradée et l'adaptation du monde rural à la société actuelle.
Préoccupation décalée dans un contexte qui multiplie les crises de production (porc, aviculture...) et se focalise sur l'actuelle négociation de la réforme de la Politique agricole commune, dans un monde syndical largement dominé par la toute puissance FNSEA, à laquelle les JA ont toujours été adhérents. "Si on n'était pas là, ces questions seraient noyées dans la masse", estime Philippe Le Dressay. "Les jeunes font le lien entre les innovations et les valeurs de nos campagnes", poursuit M. Leroy. Tous ont les termes "complémentarité" et "bonne entente" à la bouche, même s'ils évoquent certains domaines où leurs aînés manifestent plus de timidité, notamment les questions environnementales et la nécessité d'aider les pays en développement à développer leur agriculture afin de réguler les échanges. "Les jeunes ont l'avantage sur leurs aînés que, depuis 15 ans, il y a une obligation de formation qui entraîne forcément une ouverture d'esprit mais on essaie, à deux syndicats, d'être sur tous les fronts par rapport à nos difficultés", conclut M. Leroy. |