Ils étaient plusieurs milliers lundi (8.000 selon la police, 18.000 selon les organisateurs) venus de 20 départements du Grand Ouest à défiler en Mayenne pour réclamer le retrait pur et simple du projet de réforme de la Politique agricole commune (PAC) préparé par le commissaire européen Franz Fischler. "Ce sont les acteurs de terrain qui doivent décider de leur avenir, nous devons dire à notre ministre qu'il doit rester ferme, sans compromis au rabais, les oreilles de Fischler vont siffler aujourd'hui", crie un organisateur au micro pour motiver ses troupes, syndiquées FNSEA et JA et qui attendent le départ de la manifestation, la plus importante des quatre organisées sur le même thème en France.
Derrière une bannière: "Oui à l'Europe, non à la réforme Fischler", les responsables syndicaux nationaux, comme Jean-Michel Le Métayer, président de la FNSEA ou Luc Guyau, président des Chambres d'Agriculture, ouvrent un long cortège où se succèdent délégations et chars thématiques. Viande bovine, lait, volaille, fruits et légumes, porcs... les bétaillères chargées d'animaux sont décorées de peluches, dessins et ballons aux armes des deux syndicats à l'origine de la mobilisation. La marche, longue de plus de 4 km, se fait d'un bon pas, dans un calme olympien. Le bruit des conversations entre participants pour seule rumeur.
"On n'est pas là pour nos retraites, nous, faut déjà qu'on puisse y aller!", s'exclame Stéphane Leverrand, producteur de lait dans la Manche. Son sourire est triste. "On est obligé de manifester, sinon on va crever. Déjà on gagne mal notre vie, avec cette réforme, nos revenus vont encore baisser", poursuit-il, conscient que le soucis principal des agriculteurs reste de "ne pas être oubliés" dans la cacophonie sociale actuelle. "On souhaite qu'il n'y ait pas d'accord du tout car il n'y a rien de bon dans cette réforme, le revenu de la ferme France a baissé de 50% en 20 ans, nous voulons pouvoir répondre aux attentes des consommateurs tout en vivant", résume François Vanier, céréalier en Eure-et-Loire et vice-président des JA. Comme Jean-Michel Le Métayer, il s'oppose aux propositions de Bruxelles qui prévoient de couper le lien entre les subventions communautaires et le niveau de production mais aussi la dégressivité des aides et la baisse des prix notamment du lait et des céréales. "Avant la PAC de 1992, l'Ille-et-Vilaine comptait 750 producteurs de fruits et légumes, aujourd'hui, il n'y en a plus que 200, si cette réforme passe, les exploitations vont disparaître", explique Bernard Leffray, producteur de pommes de terre à Saint-Méloir-des-Ondes.
"Aujourd'hui, mes terres ne valent plus rien, le fruit du travail d'une vie est anéanti, ce sera pire avec le découplage des aides", ajoute-t-il. |