L'ouvrage doit beaucoup au travail de recherche du Dr Thillier, conseiller scientifique du collectif national d'éleveurs "Vérité ESB", très implanté dans l'ouest de la France, et déjà coauteur d'un livre sur le sujet, "De la vache folle au mouton fou" (Siloë, 2001). Confrontant les multiples études menées au niveau international sur les maladies relatives au prion depuis plus de soixante ans, ce chercheur n'a eu de cesse de répéter ces dernières années que l'agent de l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine) n'était "ni une bactérie, ni un virus, mais une protéine poison, neurodégénérative, transmissible uniquement par voie alimentaire et seulement au cours des six premiers mois de la vie du veau". Le coeur du livre de Jean-Louis Thillier et Jean-Claude Jaillette, qui s'était lui aussi déjà intéressé aux questions de sécurité alimentaire dans un ouvrage intitulé "Dossiers noirs de la malbouffe" (Albin Michel, 2000), tient dans ce paradoxe: un veau ne mange pas de farine. En centrant leur politique de prévention sur les farines carnées, les responsables français se seraient donc trompés de voie, oubliant que les lactoremplaceurs et les granulés donnés aux veaux étaient issus eux aussi, pour partie, de produits de l'équarrissage, accusent les auteurs. Etudes à l'appui, l'essai tend à prouver que, dès 1996, il était possible de déterminer avec certitude cette source de contamination. Les auteurs en profitent pour égratigner l'opinion dominante de la communauté scientifique française, trop centrée selon eux sur les "théories virales". Le livre affirme également que "dès 1988, aucun responsable sanitaire européen, aucun professionnel (...) n'ignorait ce qu'il fallait mettre en oeuvre pour éradiquer l'épizootie, en l'occurrence retirer les matériaux à risque de la consommation humaine et du circuit de l'équarissage". ("Le procès de la vache folle n'aura pas lieu", par Jean-Louis Thillier et Jean-Claude Jaillette, Hachette Littératures, 232 p., 17 euros). |