Actualité Prim'holstein Génétique et Nutrition :jamais l'une sans l'autre!
Les éleveurs laitiers nord-américains, réputés pour les hauts niveaux de production de leurs troupeaux, emploient régulièrement des Nutritionnistes qui ont en charge le suivi de l'alimentation du troupeau, de la génisse à la vache en lactation en passant par la vache tarie. En France les Nutritionnistes qui exercent une activité indépendante sont très rares car les éleveurs de VLHP ne sont pas souvent prêts à « investir » dans de la matière grise spécialisée compte tenu de l'offre qui existe déjà dans les organismes agricoles liés à l'élevage. Néanmoins beaucoup d'éleveurs plafonnent en production ou sont confrontés à des problèmes d'infertilité alors que dans le même temps la génétique ne cesse de progresser creusant de plus en plus un fossé entre le potentiel des vaches et son expression au tank. Par ailleurs l'alimentation reste de loin le premier poste de dépense en élevage laitier avec prés de 70 % des charges opérationnelles. C'est donc un poste dont la maîtrise est essentielle d
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L'intervention d'un Nutritionniste peut alors être considérée comme un investissement visant à exprimer le potentiel laitier du troupeau tout en optimisant la rentabilité de l'exploitation. A quelles conditions et pour quelles raisons est-il intéressant de recourir à un conseil technique indépendant haut de gamme ? Pour répondre à cette question il convient de retourner dans un premier temps à la physiologie de la vache laitière qui doit être la base de toute stratégie d'élevage et d'éleveur.
Les VLHP sont des mécaniques de haute précision : 60.000 coups de mâchoires par jour, 400 litres de sang passant dans la mamelle pour synthétiser 1 kg de lait, des championnes qui frisent aujourd'hui les 30.000 kg de lait par lactation ! Constat navrant : les vaches françaises atteignent rarement leur troisième lactation. L'amortissement de la phase d'élevage des génisses, deux ans au moins, souvent plus, se fait alors sur du court voire du très court terme, pénalisant ainsi la productivité de l'exploitation et la valorisation génétique des animaux d'élite. Ces mauvaises performances en terme de longévité tiennent pour une grande part à l'usure physiologique prématurée des animaux dont la carrière est considérée comme une suite de lactations indépendantes, à l'image des exercices comptables. Cette vision de la vache est complètement erronée puisque le résultat d'une lactation est le produit d'une ration à une lactation donnée mais également intègre tous les arrières effets – positifs ou négatifs – d'une part de la phase d'élevage et d'autre part des lactations antérieures. Difficile alors de découper sa vache sur le mode de la comptabilité sans risquer de pénaliser sa longévité, sa productivité et par-là même sa rentabilité.
La nutrition de la VLHP : une stratégie de long terme, une gestion du risque au quotidien … Une vache laitière vient au monde le jour de sa naissance ! Cela peut sembler au premier abord une évidence, mais pas si sûr … derrière cette simple phrase il est nécessaire de développer la notion de cycles de vie de façon à schématiser cette globalité qui devrait être la base de toute approche stratégique en élevage laitier. Les cycles de vie d'une vache laitière 0-6 mois // 6-12 mois // 12-24 mois // L1 T1 // L2 T2 // L3 Le cycle 0 de la vache laitière s'étend de la naissance à la fin de la première lactation. Ce cycle 0 est particulièrement important pour la longévité de la vache. Il doit lui permettre de se développer en taille et de croître en poids de façon à obtenir un animal de grand gabarit à forte capacité d'ingestion. C'est une des clés de la réussite chez la vache laitière. Le cycle 0 est un investissement essentiel, il est la base de la rentabilité de l'exploitation laitière, il est la base de la longévité des animaux. Le cycle 1 va démarrer au premier jour du premier tarissement [T1] de la primipare, et non pas au début de sa deuxième lactation. En effet d'un point de vue physiologique, les réserves que reconstituent théoriquement une vache, pendant la deuxième moitié de sa lactation et sa phase de tarissement, seront utilisées pour la lactation qui va suivre. Cela est vrai pour chaque cycle et ce n'est pas tant la vache laitière que l'on gère que les flux d'énergie nécessaires à sa production, à l'expression du TP et à sa reproduction, de la ration à l'animal et de l'animal à la ration via le rumen et les réserves adipeuses. Le niveau des réserves énergétiques de la vache laitière est déterminant pour l'expression de son potentiel et sa longévité. Ces réserves d'énergie sont stockées essentiellement sous la peau sous forme de graisse. Elles vont servir à limiter l'ampleur et la durée du déficit énergétique du début de lactation. Un déficit énergétique contrôlé par une alimentation de qualité et une bonne gestion de l'état corporel et du fonctionnement du rumen, se révèlera favorable à la fécondation lors de la mise à la reproduction. Les génisses, dont le potentiel génétique est élevé, tentent de l'exprimer au mieux. Malheureusement leur capacité d'ingestion en première lactation est limitée et limite par la même leur production d'où souvent une reprise de poids insuffisante dans la deuxième partie de la lactation [L1] alors même qu'elles doivent également terminer leur croissance. Ce schéma général explique pourquoi nos vaches ne dépassent pas en moyenne 2,5 lactations. Elles sont épuisées par manque d'énergie et parce que trop souvent la reconstitution de leurs réserves corporelles a été négligée aboutissant à de l'infertilité ou une excessive sensibilité aux agressions extérieures, par exemple les mammites. En résumé, une vache est un tout indissociable de sa naissance à sa réforme. Si l'éleveur a pour objectif de valoriser la génétique de son troupeau, il ne devra négliger aucun des cycles de vie de ses animaux car tous sont dépendants les uns des autres. Une erreur alimentaire survenant lors d'un cycle aura des répercussions inévitables sur le cycle voire sur les deux cycles qui suivront en terme de production et de reproduction. Chaque stratégie alimentaire comporte une part de risque. Les stratégies les plus sûres, celles qui minimisent le risque, sont celles qui privilégient l'animal et sa carrière. Les stratégies les plus risquées intègrent une gestion serrée des coûts alimentaires de façon à maximiser le revenu de l'éleveur. Entre ces deux extrêmes toutes les formules existent. C'est à chaque éleveur de raisonner les risques liés à ses choix techniques et d'en assumer les conséquences, en fonction des potentialités de son exploitation et de ses objectifs de production.
L'intérêt d'avoir recours à un Nutritionniste indépendant est de faire appel à un regard extérieur qualifié sur le troupeau et la ration. Un Nutritionniste est indépendant lorsqu'il ne vend aucun aliment. Son seul revenu provient alors du conseil et des activités de formation – souvent associées – qu'il offre aux éleveurs. Son indépendance justifie son coût qui peut paraître élevé dans une première approche. Mais lorsqu'une sub-acidose presque indétectable pour le novice provoque une perte de lait de 500 kg de lait par vache sans compter les problèmes de sous-valorisation économique de la ration et les problèmes de santé et de reproduction encore plus insidieux qui s'en suivent, un rapide calcul montre que la facture du Nutritionniste est facilement remboursée ne serait ce que par les économies que son suivi-action permet de réaliser sur le court terme. Néanmoins le rôle d'un Nutritionniste n'est pas d'intervenir dans l'urgence mais plutôt d'établir en concertation avec l'éleveur un suivi régulier du troupeau. La fertilité et la santé du troupeau laitier n'ont pas de prix si ce n'est celui du vétérinaire. Trop de vaches sont encore réformées pour infertilité. Au-delà de l'hygiène au vêlage et des conditions d'ambiance et de logement, c'est effectivement l'alimentation énergétique et les équilibres de la ration qui interviennent de façon prépondérante dans les résultats de reproduction. Les phases les plus délicates à gérer dans ces cycles de vie successifs du troupeau sont : - L'élevage des génisses
Obtenir des animaux calmes, de grand gabarit, avec une forte capacité d'ingestion et une aptitude à bien valoriser les fourrages sont les objectifs à rechercher dans l'élevage des génisses. Trop de jeunes animaux souffrent encore sur le chapitre alimentaire d'une alimentation qualitativement insuffisante ou déséquilibrée. Se rencontrent également des situations opposées avec des excès tout aussi nuisibles qui peuvent déclencher un état d'engraissement excessif dans le jeune âge (recours trop important à l'ensilage de maïs) ou des acidoses ruminales indétectables (distribution excessive de concentrés dans des rations paille) mais néanmoins pénalisante pour la future carrière de l'animal.
En élevage laitier, la phase de production la plus délicate à gérer par l'éleveur est le début de lactation. Dans les semaines qui suivent le vêlage les vaches laitières sont en effet durement mises à l'épreuve : changement brutal de la composition de la ration, ingestion faible et manque d'appétit, production croissante jusqu'au pic de lactation en décalage avec cette faible ingestion, déficit énergétique et obligation de démarrer une nouvelle gestation. Pour réussir ce pari délicat dans lequel la production et la reproduction sont pratiquement concurrentes, l'éleveur dispose d'un puissant levier d'action : l'alimentation. Pour bien produire et faire reproduire, il faut impérativement bien nourrir. Attention en la matière aux petites économies qui font de grandes catastrophes ! - valoriser au mieux les aliments produits sur l'exploitation D'un point de vue nutritionnel, on peut dire que la lactation démarre le jour du tarissement. Agir en début de lactation, c'est déjà réagir trop tard.
Sur le plan alimentaire il ne devrait en théorie que constituer une phase de léger réajustement. C'est souvent la dernière chance pour une VLHP de reconstituer ces réserves adipeuses qui sont nécessaires au démarrage de sa future lactation. Vache en état ne signifie pas pour autant vache grasse. L'objectif est d'atteindre la note 3,5-4 au vêlage, l'essentiel de la reconstitution étant réalisé pendant la deuxième moitié de la lactation précédente. Sur le plan nutritionnel la ration de tarissement est une ration riche diluée dans de la cellulose digestible. Plus le niveau génétique est élevé plus cette phase est déterminante dans son expression.
L'éleveur est un véritable entrepreneur, gestionnaire de son troupeau et de son exploitation. Il peut difficilement être pointu dans tous les domaines qui gravitent autour de l'élevage et qui vont de la production fourragère aux techniques de traite en passant par la génétique, la gestion et la fiscalité. Se tenir au courant des nombreux résultats scientifiques qui sont publiés chaque jour dans le monde sur la nutrition de la vache laitière, en faire la synthèse et la traduire en conseil de terrain est un métier à temps plein. Recourir à un Nutritionniste peut alors s'envisager comme un réel investissement pour lequel l'éleveur est bien sûr en droit d'attendre un retour sur investissement.
>> Une relation de confiance totale doit exister entre l'éleveur et son Nutritionniste dans le cadre d'une approche « diagnostic – suivi – formation ». >> La nécessité d'un engagement réciproque de l'éleveur et du Nutritionniste sur une période d'au moins trois ans aboutissant à un plan d'actions progressives incluant les aspects aliments, ration et animaux avec chaque année une analyse approfondie des différents postes concernés. C'est à ces conditions que le travail d'un Nutritionniste peut être le mieux valorisé au plus grand bénéfice de l'éleveur et de ses animaux. Par le Dr Mathieu Mauriès, Nutritionniste Vaches Laitières |
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