Le président de la CCVF, Confédération des Coopératives Vitivinicoles de France analyse les propositions de CAP 2010, rapport sur l'avenir de la viticulture française.
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-Comment avez-vous accueilli la publication du rapport Cap 2010 élaboré par Jacques Berthomeau et son "groupe des 6" ? Pourriez-vous nous dire quels sont les points positifs que vous retenez ? Denis Verdier : Le rapport Cap 2010 oblige à avoir une réflexion stratégique d'ensemble, c'est-à-dire aussi bien au niveau des régions viticoles qu'au niveau des hommes dont le métier est en rapport avec le vin.
Je crois d'ailleurs que c'est la première fois qu'il y a un débat aussi fort au niveau de la filière vitivinicole. Il y a une véritable prise de conscience.
A titre personnel, je pense qu'il faut conforter ce qui marche et faire quelque chose pour ce que j'appellerai les "poches à problème". Au premier rang de qui ce marche, il y a le concept d'AOC. C'est un concept qu'il faut absolument préserver et même développer. Il y a aussi les Vins de Pays qui ont bien su mettre en avant leur origine, comme, à titre d'exemple, les Vins de Pays d'Oc. Il faut donc se donner les moyens de développer ces concepts là.
A l'inverse, pour ce qui pose problème, il faut imaginer un espace de liberté avec des produits plus "marquetés" pour que ces produits puissent se battre avec les mêmes armes que leurs concurrents. Il faut aussi moins de réglementation pour ces vins.
Cette liberté devra être négociée entre les producteurs et les metteurs en marché pour que la valeur ajoutée de ces produits profitent à tous. Il faut des gardes fous. En tout cas, je crois que de son côté l'amont est disposé à travailler dans ce sens. Le négoce a pour sa part pris conscience que le consommateur exigeait une certaine image du vin qui se rapproche de la réalité et qui renvoie à une histoire, à des hommes… Le vigneron reste donc indispensable. Aujourd'hui, le consommateur exige la traçabilité des produits qu'il achète. Cette nouvelle exigence doit nous amener à monter ensemble des filières, des contrats d'entreprise et des partenariats.
Le positionnement de cette nouvelle offre doit nous permettre de développer nos ventes à l'exportation. Sur notre marché intérieur, il y a en effet peu d'espace, et l'objectif n'est évidemment pas que la croissance de ces nouveaux produits se fasse au détriment des AOC et de ce qui fonctionne.
-A contrario, quels sont les points qui vous semblent les moins positifs ou les plus délicats à mettre en oeuvre ? -Denis Verdier : Le rapport Cap 2010 ne doit être vu que comme une introduction au débat qui agite la filière vitivinicole. Il permet de recadrer ce débat. A ce titre, je n'ai pas de reproches particuliers à faire sur ce rapport, ni même à soulever de points qui me sembleraient plus difficiles à mettre en œuvre.