"Le poireau se récolte au marteau-piqueur", reconnaît Jean-Claude Reverdy, président des grossistes en fruits et légumes et lui-même exploitant agricole. Depuis le début de la semaine, les prix de gros des principaux légumes d'hiver sont à la hausse, hausse répercutée au détail pour le consommateur. Ainsi, le kilo de poireaux se négociait jeudi entre 1,5 et 2 euros au prix de gros, le double de ce qu'il était avant le début du froid. Même constat pour les carottes, dont le prix a doublé pour atteindre 0,70 euros le kilo (en gros). Du côté des salades, seule la scarole est actuellement cultivée en plein champ. Les températures négatives qui règnent dans les régions de production obligent les agriculteurs à attendre le début de l'après-midi pour récolter. "Les agriculteurs qui cultivent des laitues et des batavias, dont le prix de gros a augmenté de 10 à 15%, ont également des difficultés pour chauffer leurs serres", explique encore M. Reverdy, pour lequel "l'ensemble des légumes subit une tension". S'il n'y a pour l'instant aucun problème d'approvisionnement, les grossistes ont du mal à écouler leurs marchandises. "Le commerce est actuellement divisé par deux", admet M. Reverdy, les marchés de plein air ayant une activité réduite à cause du risque de gel pour les produits et du danger de circuler pour les clients. Mais, selon Denis Onfroy, secrétaire général d'INTERFEL (interprofession des fruits et légumes frais), "la conjoncture de la carotte et du poireau était très mauvaise avant la vague de froid, et les intempéries vont permettre de rétablir des prix corrects". D'après ce professionnel, le prix du poireau à la production avait même chuté jusqu'à 0,30 euro le kilo, celui de la carotte s'effondrant à 0,05 euro. "C'était une catastrophe complète", dit-il. L'engouement des consommateurs pour les soupes, allié aux mauvaises conditions de récolte, aura donc pour conséquence de redresser les prix payés aux agriculteurs. Reste que la vague de froid, qui devrait s'atténuer dès la fin du week-end prochain selon les dernières prévisions météorologiques, n'a rien à voir avec celle de 1996 qui avait entraîné d'importantes hausses des prix, a encore rappelé M. Onfroy. |