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Abeilles Les apiculteurs viennent dénoncer le "Gaucho" chez M. Raffarin

POITIERS, 10 jan (AFP) - Les apiculteurs, fermement résolus à obtenir l'interdiction de l'insecticide "Gaucho" qu'ils accusent de décimer les essaims d'abeilles, vont manifester solennellement dimanche à Chasseneuil-du-Poitou (Vienne), devant le domicile du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

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Venant de plusieurs régions de France les apiculteurs viendront avec leurs ruches faire pression, à quelques jours d'une décision capitale du ministère de l'Agriculture sur les nouveaux insecticides pour grandes cultures, le "Gaucho", nom commercial de l'imadaclopride, et le "Régent" (fipronil).

Une autre manifestation est prévue le même jour place du Capitole à Toulouse.

Les apiculteurs des zones de grandes cultures (céréales, maïs, tournesol), sur lesquelles sont utilisés ces insecticides, enregistrent les plus grosses pertes de production de miel, en raison, affirment-ils, des effets dévastateurs de ces produits sur les abeilles.

Avec 3.000 ruches, Maurice Mary, de Chezelles (Indre), près de Châteauroux, à la tête d'une exploitation familiale centenaire, est un des plus gros professionnels de France de produits issus de l'apiculture (miel, gelée royale, pollen...).

"Nous avons perdu la totalité de nos colonies en l'espace de quatre ans", a-t-il affirmé à l'AFP, précisant qu'il est contraint de délocaliser une partie de ses ruches dans des zones d'élevage et d'importer des abeilles d'Australie.

La France doit importer de plus en plus de miel pour répondre à une consommation intérieure assez stable autour de 40.000 tonnes par an. "Avant 1995, c'est-à-dire avant la généralisation des nouveaux insecticides, nous produisions 32.000 tonnes, aujourd'hui seulement 25.000", selon Henri Clément, vice-président de l'Union des apiculteurs de France (UNAF).

En 1999, les apiculteurs avaient obtenu du ministre de l'Agriculture Jean Glavany une suspension de l'utilisation du "Gaucho", produit par la firme allemande Bayer, sur les plantations de tournesol, mais pas sur les autres cultures, notamment celles de maïs, répandues dans toute la France et visitées également par les abeilles pour le pollen.

Le 9 octobre dernier, le Conseil d'Etat a donné trois mois au nouveau ministre de l'Agriculture Hervé Gaymard pour réexaminer la demande des apiculteurs d'abroger l'autorisation, accordée par son prédécesseur, de commercialisation du "Gaucho" pour le maïs.

Cette décision a été interprétée comme une première victoire des apiculteurs, et au delà, des défenseurs de l'environnement, face à la très grande influence des groupes agrochimiques et des producteurs de maïs qui apprécient ces produits pour leur simplicité d'utilisation.

Regroupés dans un collectif de syndicats pour les manifestations de dimanche, et soutenus notamment par les Verts, les apiculteurs réclament le retrait du "Gaucho", la suspension du "Régent" sur tournesol, et la révision des procédures d'homologation de ces produits.


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